* . * . * .

Ursula von der Leyen : ses manoeuvres pour régner sur la Commission européenne


Le temps n’a pas la même durée des deux côtés de l’Atlantique. A peine élu et alors qu’il n’a pas encore regagné le bureau Ovale de la Maison-Blanche, Donald Trump a déjà dévoilé le casting de la future administration aux manettes du pays pour les quatre prochaines années. A Bruxelles, plus de six mois se sont écoulés depuis les élections européennes du printemps dernier et les contours de la future Commission ne sont pas encore totalement figés. A tel point que la date butoir du 1er décembre fixée par Ursula von der Leyen, sa présidente, pour une prise de fonction effective de la nouvelle équipe pourrait bien être repoussée. En cause, les chamailleries entre chancelleries et les calculs politiques entre les différentes fractions du Parlement, lequel n’a d’ailleurs jamais été aussi éclaté.

Reste que pour son deuxième mandat à Bruxelles, Ursula von der Leyen a sélectionné une équipe à sa main. Exit les fortes têtes comme Thierry Breton ou Margrethe Vestager, trop vocales ou visibles. Finis les silos, place à la collégialité, plaide-t-on dans l’entourage de la présidente. Une façon habile, en réalité, pour von der Leyen de renforcer son pouvoir. L’ancienne ministre d’Angela Merkel a volontairement entretenu le flou sur les intitulés exacts des postes et fait se chevaucher les missions des différents commissaires pour être en mesure d’arbitrer seule en bout de course. Dilution parfaite des responsabilités : plus aucun commissaire – y compris les vice-présidents exécutifs – ne contrôle un dossier donné.

Un exemple ? Le réarmement de l’Europe et les achats de matériels militaires. Qui pour prendre en charge le sujet ? L’ex-Première ministre estonienne Kaja Kallas, propulsée à la diplomatie et à la sécurité ? Ou le Lituanien, Andrius Kubilius, pressenti comme commissaire à la Défense ? Ou bien le Français, Stéphane Séjourné, qui doit coordonner la montée en puissance d’une industrie européenne de la défense ?

Derrière ce tuilage, c’est l’amplification d’un phénomène de présidentialisation à l’œuvre depuis plusieurs années. “Les réformes successives des traités depuis les années 1990 ont transformé le rôle de la présidence, qui jouit désormais d’une véritable autorité sur le collège et s’affirme comme une sorte de Premier ministre, capable d’imposer sa ligne politique”, observe Olivier Costa, directeur de recherche au Cevipof. Quitte à alimenter les dissensions au sein même du Conseil européen, le club des chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept. Pour le plus grand plaisir de Washington.




Source