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En Ukraine, des missiles longue portée britanniques pour frapper la Russie


Est-ce un tournant dans la guerre en Ukraine ? D’après plusieurs médias, Kiev a utilisé pour la première fois des missiles longue portée Storm Shadow britanniques contre la Russie, après avoir obtenu l’autorisation de Londres. Kiev réclamait de longue date l’autorisation d’utiliser ces armements mais les Occidentaux craignaient la réaction de Moscou, qui présentait cela comme une ligne rouge.

Selon le journal britannique The Guardian, la décision d’approuver les frappes a été prise en réponse au déploiement de plus de 10 000 soldats nord-coréens à la frontière entre la Russie et l’Ukraine, ce qui, selon les responsables britanniques, constitue une escalade significative du conflit qui dure depuis près de trois ans. Plusieurs missiles Storm Shadow ont ainsi été lancés par l’Ukraine sur au moins une cible militaire russe, rapporte le Financial Times, citant trois sources anonymes dont un responsable occidental informé de la frappe. Les missiles Storm Shadow sont des missiles de croisière anglo-français d’une portée maximale d’environ 250 kilomètres, qui ont jusqu’à présent été utilisés pour frapper des cibles russes en Crimée occupée, notamment le quartier général de la flotte russe de la mer Noire. Ils sont généralement utilisés pour cibler avec précision les bunkers et les dépôts de munitions.

Des missiles américains utilisés la veille

Mercredi, des vidéos postées sur les réseaux sociaux et diffusées par des blogueurs pro-guerre russes ont montré que jusqu’à 12 missiles ont frappé une cible, présumée être un quartier général de commandement, dans le village de Maryno, dans la région de Koursk (près de la frontière ukraienienne au nord-est), souligne The Guardian. “Nous sommes informés que depuis 14h50 l’ennemi a tiré jusqu’à 12 missiles Storm Shadow sur la région, dont des fragments sont sur la photo dans la ville de Marino”, peut-on lire dans une mise à jour Telegram du blogueur militaire pro-Kremlin Dva Mayora et reportée par The Kyiv Post. Les médias ukrainiens ont par ailleurs rapporté que le site de Marino aurait pu être utilisé par des officiers nord-coréens et russes.

Jusqu’à présent, ni Kiev, ni Londres n’ont confirmé ces informations d’utilisation de missiles britanniques contre le territoire russe. Mais le ministère russe de la Défense a annoncé ce jeudi avoir abattu “deux missiles de croisière ‘Storm Shadow’ de fabrication britannique” tirés par l’Ukraine et qui visaient son territoire, sans préciser le lieu ni le moment de cette interception.

Cet accord des Britanniques pour l’utilisation de Storm Shadow, s’il est avéré, intervient tout juste 24 heures après que le président américain Joe Biden a accepté de faire de même pour l’exploitation des missiles balistiques ATACMS. Mardi 19 novembre, un dépôt de munitions de la région russe de Briansk a été frappé par cette toute première frappe ukrainienne de missiles américains ATACMS. Néanmoins, les effets de ces tirs de missiles, américains comme britanniques semblent relatifs. “Il y a la réalité inconfortable selon laquelle le stock ukrainien de missiles Storm Shadow est très limité, de sorte que leur utilisation n’aura qu’un effet marginal”, analyse Sky News.

L’administration de Joe Biden a également annoncé mercredi son intention de fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel, un type d’armement très critiqué pour le nombre de victimes civiles qu’il provoque, y compris longtemps après la fin des conflits. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que ces mines étaient “très importantes” pour stopper l’avancée des soldats de Moscou. Selon Washington, les mines fournies à l’Ukraine seront “non-persistantes”, c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation.

Crainte d’une riposte russe

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, la Russie a dénoncé ce mardi en début d’après-midi une “nouvelle phase de la guerre occidentale contre la Russie” et annoncé une réponse “appropriée”. La Russie a d’ailleurs de nouveau adressé des mises en garde nucléaires ces derniers jours, accusant les Occidentaux de “vouloir l’escalade”. Selon sa nouvelle doctrine sur l’emploi de l’arme nucléaire, officialisée mardi, la Russie peut désormais recourir à cette dernière en cas d’attaque “massive” par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire, référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.

Ce changement “exclut de facto la possibilité de vaincre les forces armées russes sur le champ de bataille”, a souligné mercredi le patron du renseignement extérieur russe, Sergueï Narychkine, laissant entendre que la Russie pourrait recourir à la bombe atomique plutôt que risquer la défaite dans une guerre conventionnelle. Washington, Paris, Londres et l’Union européenne ont dénoncé une attitude “irresponsable”. Face à la crainte d’une riposte russe, au moins cinq ambassades occidentales, celles des États-Unis, d’Espagne, d’Italie, de Hongrie et de Grèce, ont annoncé fermer provisoirement pour la journée de mercredi.




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