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Budget, motion de censure…. Pourquoi Michel Barnier reçoit-il les chefs de groupes parlementaires ?


Michel Barnier va-t-il rater la marche du budget ? Hôte cette semaine des chefs de groupes parlementaires, le Premier ministre entame ses consultations avec Marine Le Pen à 8h30, ce lundi 25 novembre, à Matignon, alors que le Rassemblement national, avec ses 123 députés, menace de plus en plus ouvertement de censurer le gouvernement. Seront reçus le même jour, Stéphane Lenormand (Liot), Eric Ciotti (UDR) puis Mathilde Panot (LFI), qui entend lui répéter “qu’il n’a pas de légitimité démocratique”. Le Premier ministre accueillera aussi les socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner et les écologistes Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard mercredi, puis les communistes André Chassaigne et Cécile Cukierman jeudi. Les responsables du “socle commun” (LR, Renaissance/EPR, MoDem, Horizons) seront reçus ensemble mardi matin, comme chaque semaine.

Les textes budgétaires pour 2025 seront au menu des discussions, a fait savoir la semaine dernière l’entourage du Premier ministre. “Ces discussions permettent d’identifier les priorités des différents groupes parlementaires afin de garantir que les textes financiers répondent aux attentes des citoyens tout en assurant la soutenabilité budgétaire”, a-t-on assuré à Matignon, précisant que “l’objectif est d’arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur” budgétaire.

La semaine s’annonce donc chargée pour le gouvernement. Mardi 26 novembre, l’Assemblée débattra et votera sur le traité de libre-échange Mercosur, sur fond de colère des agriculteurs. Les ministres Annie Genevard et Sophie Primas porteront la parole du gouvernement. Et jeudi, un débat tendu est annoncé dans l’hémicycle dans le cadre d’une “niche” de La France insoumise sur l’abrogation de la réforme des retraites du gouvernement d’Elisabeth Borne, adoptée en 2023.

Mais c’est sur le plan budgétaire justement que les nuages s’amoncellent au-dessus de Matignon, la perspective d’un déclenchement de l’article 49.3 approchant à grands pas. Faute de majorité à l’Assemblée où, contrairement à Elisabeth Borne, il a préféré laisser les débats se dérouler, Michel Barnier utilisera “probablement” dans les prochaines semaines cette arme constitutionnelle, qui permet l’adoption d’un texte sans vote, sauf si une motion de censure venait renverser le gouvernement.

Ce qui supposerait que le RN joigne ses voix à une motion déposée par la gauche. Alors que le parti d’extrême droite s’était abstenu, début octobre, lors du vote sur la motion de censure portée par la gauche, la donne a changé en l’espace de quelques mois. Et les relations entre le Premier ministre et le RN se sont rafraichies, le parti d’extrême droite reprochant au chef de gouvernement de l’ignorer. “On a attendu, mais pour l’instant, il n’y a strictement rien dans le texte qui corresponde à nos attentes”, a insisté Philippe Ballard, député de l’Oise RN, au micro de franceinfo dimanche.

53 % des Français souhaitent voir le gouvernement tomber

Cette “coalition des contraires”, “je sais que ce n’est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd’hui la stabilité, la sérénité”, a dit jeudi le Premier ministre. Comme Emmanuel Macron qui depuis l’Argentine a également dit souhaiter “la stabilité”. Mais selon un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche, 53 % des Français souhaitent voir le gouvernement tomber. Et la cote de Michel Barnier chute dans un autre sondage Ifop pour Le JDD, à 36 % contre 45 % lors de sa nomination début septembre.

Qu’advient-il en cas de budget et de gouvernement renversés ? Dans Le Parisien, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon met en garde contre “un scénario à la grecque” en pointant le risque de crise financière. “Il n’y a personne de responsable dans le pays qui puisse souhaiter que tombe un gouvernement qui a été nommé il y a deux mois”, abonde François Bayrou sur BFMTV. “S’il y avait censure, il y aurait crise de régime”, estime la LR Agnès Evren sur France 3.

“Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien”

Mais dans l’opposition, le ton est moins alarmiste. “Il ne faut pas faire peur aux Français pour rien”, a réagi le vice-président du RN Sébastien Chenu, évoquant l’adoption d’une “loi spéciale” budgétaire en cas de censure. “Le président de la République a plusieurs possibilités : renommer le même Premier ministre, renommer un nouveau Premier ministre, démissionner s’il n’a plus d’autre solution, déclencher un référendum”, a énuméré le député du Nord.

Trois textes budgétaires sont susceptibles d’être soumis au 49.3. D’abord, le budget de la Sécurité sociale. Après un vote sur l’ensemble du texte mardi au Sénat, une Commission mixte paritaire députés-sénateurs (CMP) devrait être réunie mercredi. Le “socle commun” gouvernemental y est majoritaire. Mais les macronistes menacent de la faire capoter, vent debout contre la réduction des allègements de cotisations patronales sur les salaires. Une CMP conclusive déboucherait sur un vote définitif dans les deux chambres, avec 49.3 probable à l’Assemblée. Le budget de l’Etat, ensuite, qui arrive en séance lundi au Sénat, avec un vote solennel prévu le 12 décembre, prélude à la réunion d’une CMP, puis d’un vote final. Le projet de loi de Finances de fin de gestion pour 2024, également : déjà rejeté en première lecture à l’Assemblée, il est examiné lundi matin au Palais du Luxembourg.




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