Pour réduire “les boulets” qui pèsent sur le secteur agricole, et surtout répondre à sa colère, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé ce samedi 30 novembre une série de mesures, lors d’un déplacement dans le Loiret. “Les agriculteurs en ont ras le bol des interdictions, des procédures, des normes, a-t-elle dit à l’AFP. Ce sont véritablement des boulets qui se sont accumulés au point de creuser la compétitivité des exploitations.” Cette prise de parole intervient au lendemain d’un rendez-vous au ministère avec la plupart des syndicats du secteur.
Parmi les mesures phares annoncées : la création d’un “Conseil d’orientation pour la protection des cultures”. Créé par décret, ce Conseil, présidé par la ministre et réunissant les parties prenantes dont les agriculteurs, les instituts de recherche et les fabricants de produits phytosanitaires, visera à “prioriser l’instruction” par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) des demandes d’autorisation des intrants, en fonction des besoins des filières agricoles. Autrement dit, il s’agira pour l’Anses de faire passer en haut de la pile des demandes de mises sur le marché de certains produits, afin de répondre à des besoins urgents de certaines cultures.
“On demande à l’Anses de travailler en priorité sur les usages orphelins ou mal pourvus”, a dit la ministre. Les entreprises phytopharmaceutiques pourront apporter “une expertise technique car ce sont elles qui mettent au point les produits”. Sur le fond des décisions (autorisation ou interdiction), “il ne s’agit pas de dicter les décisions à l’Anses, qui est une agence indépendante, a-t-elle assuré. Je pense que le chemin vers moins de phyto est un chemin sur lequel personne ne reviendra. C’est une orientation qui est actée par tout le monde, les politiques et la profession. Mais pour les filières qui sont en crise, on a besoin que l’Anses priorise ses travaux pour y répondre.”
“Simplification” et “bon sens”
Ce décret doit aussi “améliorer l’information des ministères […] des projets de décisions de l’Anses”. Il doit en outre “demander à l’Anses de faciliter la reconnaissance mutuelle” de produits déjà autorisés au niveau européen. L’Anses est dans le viseur de certains syndicats pour avoir interdit ou restreint l’usage de certains pesticides avant que cela soit le cas dans l’UE.
Concernant l’Office français de la biodiversité (OFB), qui assure un rôle de police de l’environnement, le directeur général devra “assurer de manière immédiate la discrétion des armes en cas de contrôle, en recourant à des dispositifs qui permettent de la dissimuler. C’est un irritant majeur” pour les agriculteurs, selon Annie Genevard. Il y aura “déploiement progressif à titre expérimental […] du port d’une caméra piéton, qui permet de déclencher des enregistrements de contrôle sur place, éventuellement. Généralement cela permet, on le voit avec les pompiers, les policiers, de faire redescendre la tension”.
Source