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“Pour Vladimir Poutine, la fin de la guerre sera le début des ennuis” : les prévisions d’un ancien de la CIA


Plus de 1 000 jours de guerre, et les yeux désormais rivés vers Washington. Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky s’activent chacun de leur côté pour faire en sorte que l’entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier prochain et l’approche de possibles négociations de paix ne se fassent à leurs frais. Alors que le nouveau président américain a promis de régler cette guerre en vingt-quatre heures, 2025 marquera-t-elle la fin de la guerre en Ukraine ? Lorsque nous l’interrogions sur cette éventualité il y a quelques mois, Peter Schroeder, ancien analyste de premier plan à la CIA ne semblait pas y croire. “Les deux parties sont trop éloignées pour parvenir à une forme de solution diplomatique et je ne crois pas que l’une ou l’autre des parties soit suffisamment épuisée sur le plan militaire pour cesser le combat”, confiait-il. Cet ancien conseiller à l’ambassade des États-Unis à Moscou nuance cependant son analyse aujourd’hui. Selon lui, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et “l’évolution des événements sur le terrain, marquée par des revers significatifs pour les Ukrainiens”, pourraient rendre ces derniers plus enclins à considérer une éventuelle initiative de paix portée par l’administration Donald Trump.

Selon ce chercheur au Center for a New American Security, un puissant think tank, le maître du Kremlin a lui aussi des raisons de vouloir déposer les armes : “Vladimir Poutine pourrait percevoir en Donald Trump une opportunité de sécuriser certains de ses objectifs majeurs”. Estimant que la fin de ce conflit engendrera une crise politique interne en Ukraine et marquera le début des ennuis sur le plan intérieur pour Vladimir Poutine, cet ancien cadre du renseignement national des Etats-Unis entre 2018 et 2022 en est convaincu : “beaucoup sous-estiment les défis auxquels Moscou devra faire face une fois la paix rétablie”. Ou quand le pire est peut-être à venir pour l’autocrate russe…

L’Express : “Je ne parierais pas sur la fin de la guerre en 2025. Je pense que les deux parties sont trop éloignées pour parvenir à une forme de solution diplomatique”, affirmiez-vous dans L’Express en septembre dernier. Maintenant que Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche, êtes-vous toujours du même avis ? A-t-il la capacité de faire venir Vladimir Poutine et Zelensky à la table des négociations ?

Peter Schroeder : Je dirais qu’il existe aujourd’hui une plus grande probabilité d’aboutir à un cessez-le-feu en 2025 qu’avant l’élection de Donald Trump. Cela s’explique aussi en partie par l’évolution des événements sur le terrain, où les Ukrainiens connaissent des revers significatifs. Compte tenu de leur situation actuelle, ils se retrouvent dans une position qui pourrait les rendre plus disposés à accepter une quelconque “initiative de paix” proposée par l’administration Donald Trump. Ce ne serait pas nécessairement grâce à l'”art de la négociation” de Donald Trump, mais plutôt en raison de sa capacité à prendre l’initiative d’essayer d’arrêter les combats. Il est évident qu’il disposera d’un levier considérable vis-à-vis de Kiev, compte tenu de l’ampleur et de la nature des aides américaines. Pour ce qui est de Vladimir Poutine, il ne s’agirait pas tant de lui mettre une pression directe pour le forcer à négocier, mais plutôt de créer un contexte favorable. Il pourrait percevoir en Donald Trump une opportunité de sécuriser certains de ses objectifs majeurs. De son point de vue, parvenir à un accord dès maintenant, qui lui permettrait d’atteindre une partie ou une grande partie des buts visés par son opération en Ukraine, pourrait sembler préférable à la poursuite du conflit. D’autant plus que, bien que la Russie soit confrontée à des problèmes significatifs en matière de main-d’œuvre, d’équipement et d’économie, la situation de l’Ukraine est encore plus critique, ce qui joue en faveur de Moscou.

Une grande majorité de la société ukrainienne restant opposée à tout accord de paix avec la Russie, Donald Trump peut-il vraiment “forcer” Volodymyr Zelensky à négocier ?

Cela va être l’une des questions clés concernant l’évolution de la guerre et de la crise. Comme je l’ai déjà mentionné, il existe de nombreux leviers potentiels. Certes, une opposition significative persiste au sein de la population ukrainienne face à l’idée de compromis avec la Russie. Cependant, cette résistance semble s’affaiblir, avec un nombre croissant d’Ukrainiens prêts à envisager des concessions, y compris celles qui n’impliqueraient pas nécessairement la restitution de l’ensemble des territoires ukrainiens. Cette évolution pose un défi politique majeur pour Volodymyr Zelensky. Jusqu’ici, il a adopté une position ferme, alignée sur le sentiment dominant en Ukraine durant une grande partie du conflit, affirmant qu’aucun compromis sur la souveraineté ou l’intégrité territoriale du pays n’était envisageable. Ce positionnement constituerait un changement de cap ou l’acceptation de compromis particulièrement complexes pour lui. Par conséquent, la capacité de Donald Trump à influencer Volodymyr Zelensky dans cette direction se heurterait à un obstacle politique de taille.

Il est fort probable que cette situation engendre une crise politique interne en Ukraine, surtout lorsque Donald Trump dévoilera ses intentions en matière d’initiative ou de plan de paix. On observe déjà des tensions sous-jacentes dans la politique intérieure ukrainienne, reflétant des divergences croissantes entre les aspirations de la population, les positions des dirigeants politiques et celles des hauts responsables militaires. Ces tensions se manifestent également dans les campagnes de mobilisation, qui peinent à atteindre leurs objectifs en termes d’effectifs. Ces dynamiques pourraient s’intensifier et devenir plus visibles une fois que Donald Trump aura présenté son initiative.

Le mois d’octobre a été le plus sanglant de la guerre pour la Russie, Vladimir Poutine ayant jeté toutes ses forces dans la bataille. Que faut-il penser de la stratégie russe ces dernières semaines ?

Cela met en évidence deux constantes depuis le début des affrontements. D’une part, un manque flagrant d’imagination et d’efficacité dans la gestion stratégique et opérationnelle des hauts responsables militaires russes. Malgré son rôle central à la tête de la campagne, le chef d’état-major de l’armée russe, Valery Guerassimov n’a montré aucune capacité à concevoir des manœuvres opérationnelles décisives ou à introduire des stratégies susceptibles de modifier significativement la dynamique sur le terrain. La méthode adoptée repose essentiellement sur des assauts répétés, exécutés avec une intensité coûteuse en vies humaines. Dans ces conditions, il semble peu probable que les forces russes parviennent à réaliser une percée majeure vers Kiev ou ailleurs dans un avenir proche, ce qui limite considérablement leurs perspectives d’avancée sur le champ de bataille.

Vladimir Poutine est plus calculateur que Donald Trump

Le second facteur est d’ordre politique, comme en témoigne la décision de Vladimir Poutine de faire appel à des mercenaires nord-coréens ou plus récemment le recrutement de mercenaires yéménites. Plutôt que de mobiliser davantage sa propre population, le Kremlin privilégie le recours à des combattants étrangers, ce qui illustre une volonté claire de minimiser les risques politiques liés à une mobilisation élargie. Jusqu’à présent, les efforts de recrutement interne se sont concentrés sur les minorités ethniques et les populations rurales, attirées par des incitations financières. L’extension de cette stratégie à des mercenaires étrangers reflète une tentative de limiter les répercussions politiques d’un engagement plus large de la population. Ces deux aspects mettent en lumière les limites à la fois militaires et politiques des actions de la Russie dans ce conflit.

En faisant appel à ces mercenaires, la Russie n’est-elle pas en train d’internationaliser le conflit ? N’est-ce pas risqué de la part de Vladimir Poutine ?

Il est difficile de qualifier de “bonne stratégie” quoi que ce soit entrepris par Vladimir Poutine depuis février 2022. Cependant, cela reste en phase avec son approche tout au long du conflit : minimiser les conséquences politiques internes en évitant de mobiliser massivement la population pour ce qui serait une véritable guerre.

En matière d’internationalisation, il semble que la Russie ait manqué une opportunité clé. Par le passé, elle jouissait d’une position dominante, attirant des demandes de nombreux pays qu’elle pouvait accepter ou rejeter en échange de concessions. Cependant, depuis le 24 février 2022, et plus encore à l’automne de la même année, – après les contre-offensives réussies de l’Ukraine à Kharkiv et Kherson- la dynamique s’est considérablement rééquilibrée, sinon inversée. Aujourd’hui, bien que des pays comme la Corée du Nord continuent de dépendre de la Russie pour certains besoins, cette dernière se trouve également en position de dépendance, cherchant à obtenir des éléments stratégiques indispensables à son effort de guerre. Cela pousse la Russie à faire des concessions qu’elle n’aurait peut-être pas envisagées auparavant, notamment envers des pays comme la Corée du Nord ou l’Iran. Par ailleurs, les craintes des réactions occidentales ou d’autres acteurs internationaux semblent désormais marginales pour Moscou. Les impératifs immédiats de soutenir son appareil militaire poussent la Russie à des compromis audacieux, comme participer au programme spatial nord-coréen ou fournir davantage d’équipements militaires à l’Iran en échange de drones ou de systèmes de missiles. Cette orientation stratégique, initiée il y a deux ans ou un an et demi, témoigne d’une continuité dans les choix de Vladimir Poutine. L’idée d’intégrer des troupes nord-coréennes s’inscrit donc dans cette logique, en parfaite cohérence avec les décisions prises plus tôt pour sécuriser les ressources nécessaires à la poursuite de la guerre.

Pendant sa campagne, Donald Trump s’est targué de pouvoir mettre fin au conflit en Ukraine vingt-quatre heures…

Eh bien, vous connaissez Donald Trump [Rires] … Je doute qu’il se lance dans une initiative de paix pour l’Ukraine dès les premières 24 heures de son mandat. Il se concentrera probablement d’abord sur des dossiers comme la sécurité aux frontières par exemple. Cela dit, je pense qu’une initiative de paix suivra assez rapidement après son entrée en fonction, bien qu’il soit difficile d’en prévoir les détails exacts. Autour de lui, certains plaident actuellement pour créer un levier qui pousserait Vladimir Poutine à négocier, tandis que d’autres, notamment du côté de Kiev, cherchent à influencer sa perception du conflit et des options envisageables. Et on le sait, Donald Trump peut être sensible à la flatterie et à la manipulation… On peut supposer qu’il proposera quelque chose approchant de ce que J.D. Vance, son vice-président, a évoqué dans des interviews en septembre : un cessez-le-feu le long des lignes actuelles, des ajustements dans la relation stratégique entre l’Ukraine et l’OTAN, et un arrêt des combats. Mais la véritable question reste de savoir si Kiev et Moscou accepteront une telle proposition.

Le président russe a menacé le 21 novembre de frapper les pays occidentaux dont les armes sont utilisées par Kiev en Russie. Est-ce juste une escalade rhétorique ou une réelle menace ?

C’est un peu un mélange des deux. Pour être honnête, je ne pense pas qu’il y ait actuellement un risque que Vladimir Poutine frappe des cibles occidentales. Surtout au moment où Donald Trump envisage de lancer une initiative pour mettre fin au conflit. Le dirigeant russe ne voudra probablement pas compromettre ces efforts en élargissant délibérément la guerre à des pays ou des cibles européennes.

Vladimir Poutine a attendu deux jours avant de féliciter Donald Trump pour sa victoire. Quels sont les rapports entre les deux hommes ?

Cela reflète probablement une volonté de ne pas donner l’impression de célébrer ou de se réjouir ouvertement à l’idée d’une administration Trump. Il s’agit peut-être aussi de préserver une certaine distance, tant sur le plan des relations personnelles que dans les échanges en tête-à-tête, afin de conserver une certaine marge de manœuvre ou de flexibilité. Cela semble également être une leçon tirée de la première administration Trump : comprendre que la capacité de ce dernier à promouvoir des politiques favorables à Moscou est souvent limitée par la bureaucratie américaine. Plus Vladimir Poutine affiche publiquement une proximité ou une affinité avec Donald Trump, plus il devient difficile pour ce dernier de faire adopter des politiques au sein d’une bureaucratie perçue par Moscou comme résolument russophobe.

Quant à l’état de leurs relations, tout cela est bien documenté. Donald Trump semble avoir une affinité naturelle pour les dirigeants qu’il perçoit comme des figures fortes, et Vladimir Poutine correspond parfaitement à ce profil. Par ailleurs, Donald Trump a toujours été fasciné par les questions liées aux armes nucléaires et au contrôle des armements, cherchant à conclure un “grand accord”. De ce fait, la Russie apparaît naturellement comme un interlocuteur privilégié pour concrétiser une telle ambition. Dans l’esprit de Donald Trump, il a toujours existé ce désir de négocier un accord majeur qui lui vaudrait des éloges et une reconnaissance mondiale.

Vladimir Poutine, lui, est un peu plus calculateur, je pense. Et il connaît les limites du pouvoir présidentiel aux États-Unis. Moscou reconnaît néanmoins en Donald Trump un élément perturbateur, ce qui peut parfois jouer en leur faveur, notamment lorsqu’il s’écarte des approches traditionnelles américaines en matière de politique étrangère. Cet aspect est sans doute perçu positivement. Cela dit, l’attitude imprévisible de Donald Trump envers l’OTAN est vue comme une arme à double tranchant par Vladimir Poutine. D’un côté, cette imprévisibilité peut offrir des opportunités favorables à la Russie ; de l’autre, elle complique les calculs stratégiques et rend incertain l’engagement de Donald Trump dans un éventuel accord. Ainsi, pour Vladimir Poutine, la perspective d’un second mandat de Donald Trump est envisagée de manière pragmatique, sans illusion excessive.

L’Histoire, en réexaminant cette période, jugera sévèrement Joe Biden

Que faut-il attendre de Donald Trump en ce qui concerne l’OTAN ?

La première chose évidente, c’est qu’il veut que les pays membres augmentent leurs dépenses en matière de défense. Cela représentera, d’une certaine manière, un test décisif pour ses relations avec les différents alliés de l’alliance ainsi qu’avec le nouveau secrétaire général, Mark Rutte. Toutefois, en dehors de cette exigence, je ne perçois pas de changements significatifs, ni de remise en question de l’engagement des États-Unis envers l’Alliance. Dans la vision de Donald Trump, l’importance de l’OTAN reste relative. Sa conception très transactionnelle de certains engagements internationaux demeure réelle. Cependant, pour modifier profondément l’approche américaine, il faudrait un leadership exécutif particulièrement concentré et cohérent. Or, je pense simplement que Donald Trump ne possède ni la concentration, ni l’attention, ni même l’envie nécessaires pour entreprendre une telle démarche. Par ailleurs, concernant l’élargissement de l’OTAN, notamment l’adhésion de l’Ukraine, je doute que les États-Unis soutiennent l’intégration de nouveaux membres dans l’alliance. En tout cas, cela ne figurera certainement pas parmi les priorités de Donald Trump, que ce soit pour l’Ukraine ou pour tout autre pays aspirant à rejoindre l’OTAN.

Que retiendra l’histoire de la gestion de la guerre en Ukraine par Joe Biden, critiqué pour avoir trop tardé à autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à moyenne portée ATACMS pour viser des cibles en Russie ?

Ayant été personnellement impliqué dans les discussions au sein du renseignement américain au moment du déclenchement de la guerre, j’ai naturellement un point de vue particulier. Je suis convaincu que l’Histoire, en réexaminant cette période, jugera sévèrement la politique menée par l’administration Biden. Le fait qu’elle n’ait pas apporté un soutien suffisant aux Ukrainiens dès le départ n’est qu’un des aspects du problème.

Le jugement le plus lourd portera non seulement sur ce qui s’est passé à partir de février 2022, mais aussi sur la période qui a précédé et le refus de l’administration Biden de trouver une voie de sortie et de faire des compromis sur des questions – comme l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN – qui n’étaient pas essentielles pour les intérêts fondamentaux des États-Unis. Ils ont refusé de faire des concessions, bien qu’ils n’étaient pas prêts à soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN à ce moment-là, ni à envoyer des troupes américaines pour défendre l’Ukraine, tout en sachant que les États-Unis ne seraient probablement jamais disposés à faire l’un ou l’autre. En prenant cette décision puis en adoptant une approche insuffisante pour permettre à l’Ukraine de remporter une victoire décisive, ils ont abouti à une guerre interminable. Résultat : trois années de morts et de destructions, pour un dénouement qui, mis à part la perte de territoire ukrainien, aurait pu être très proche de ce qui aurait été obtenu trois ans plus tôt, sans ces combats…

Si l’on négocie avec la Russie, n’y a-t-il pas un risque que Vladimir Poutine relance la guerre dans un avenir proche ?

Oui, ce risque existe toujours. Personne ne devrait entrer dans un accord de paix ou un cessez-le-feu avec la Russie en s’imaginant que Vladimir Poutine le respectera sans faille une fois signé. Il est essentiel d’anticiper cette possibilité et de prévoir des mesures pour réagir rapidement si Vladimir Poutine venait à violer l’accord. Cela dit, je pense que, du côté russe, l’arrêt des combats entraînerait inévitablement des complications politiques et économiques, ainsi que des défis internes importants pour la Russie.

C’est-à-dire ?

Lorsque les combats prendront fin, je pense que la Russie sera confrontée à des défis internes importants, car la guerre en Ukraine a provoqué une surchauffe et des distorsions dans l’économie en raison des dépenses militaires colossales. Des questions fondamentales émergeront : continueront-ils à privilégier un modèle de croissance économique axé sur la défense ? La population soutiendra-t-elle encore cette orientation ? Il ne fait aucun doute que les élites russes s’interrogent sur le véritable sens de cette guerre : était-elle justifiée ? En valait-elle le coup ? Ces questions, mises de côté tant que le conflit se poursuit, referont surface une fois la guerre terminée, posant de nouveaux défis considérables. Et Vladimir Poutine est d’une certaine manière isolé politiquement. Je pense que beaucoup sous-estiment les défis auxquels Moscou devra faire face une fois la paix rétablie. Par ailleurs, vous le savez, le dirigeant russe n’est plus tout jeune et son âge ajoute une dynamique particulière : ceux qui ont combattu et consenti des sacrifices durant la guerre chercheront à tirer parti du retour à la paix pour faire avancer leurs intérêts, ce qui pourrait intensifier les tensions au sein du pouvoir.




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