Sachant que le cerveau des filles est égal à celui des garçons, comment expliquer les différences de résultats en mathématiques dès les petites classes ? Voici un problème que les chercheurs ont bien du mal à résoudre. D’après la dernière enquête internationale Timss 2023, la France affiche le score le plus inquiétant des pays de l’Union européenne et de l’OCDE : En CM1, l’écart garçons-filles en mathématiques est désormais de 23 points, contre 13 en 2019 (les premiers progressent de 5 points, tandis que les deuxièmes régressent de 5 points). Durant les années de maternelle, les professeurs des écoles ne constatent pas de différences notables. C’est à la mi-CP que le phénomène apparaît et, à l’entrée du CE1, la différence est plus nette encore. Sur le plan cérébral, pourtant, rien ne tend à expliquer cet écart. Toutes les études démontrent que les enfants ont les mêmes capacités d’apprentissage et ce quel que soit leur sexe.
Des enquêtes sont en cours pour tenter de percer ce mystère et plusieurs hypothèses circulent : en maternelle, les enfants s’initient aux mathématiques essentiellement sous forme de jeux. Mais à partir de l’élémentaire, le fait que l’apprentissage se déroule de façon plus formelle pourrait engendrer des inhibitions chez les filles qui intègrent peu à peu cette fausse idée qu’elles ne sont “pas faites pour les sciences”. L’autre biais pourrait aussi venir de la façon dont les enseignants, potentiellement influencés par des stéréotypes de genre, interagissent avec les élèves et les évaluent. Enfin, les parents, et la société en général, auraient également tendance à associer les mathématiques à la réussite masculine.
Plus ces écarts se creusent tôt, plus il est compliqué de rectifier le tir. En bout de chaîne, ces différences de trajectoire ont un impact sur l’enseignement supérieur. Les écoles d’ingénieurs, qui peinent à attirer des candidats en général, et encore plus des jeunes femmes, scrutent cette évolution avec inquiétude. Comment répondre aux enjeux économiques à venir avec un tel déficit de spécialistes ? Sensibiliser les enseignants à cet écueil dès leur formation fait partie des solutions avancées. L’autre mot d’ordre consiste à rendre les mathématiques beaucoup plus attrayantes pour tous. Car c’est là un autre enseignement inquiétant de Timss 2023 : plus les élèves français avancent dans leur scolarité, plus l’image qu’ils ont de cette discipline se détériore. Une équation casse-tête de plus.
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