Les autorités de santé ont ouvert la voie au remboursement en France de l’anti-obésité Wegovy uniquement pour des patients atteints d’obésité sévère. Mercredi 4 décembre, la Haute Autorité de Santé (HAS) a maintenu un avis favorable après la prise en compte de nouvelles données, qui réduisent les risques cardiovasculaires. Elle autorise aujourd’hui un remboursement “uniquement chez l’adulte ayant un indice de masse corporelle (IMC) initial ≥ 35 kilos/m²”. Cela correspond à une obésité dite sévère. Ce traitement devra être pris “en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique pour la gestion du poids, incluant la perte de poids et le maintien du poids”, précise l’avis de la HAS.
La HAS élargit la population cible
La population cible du Wegovy est estimée entre 1 et 2,1 millions de patients, selon la HAS. “Avec ce nouvel avis, notre objectif est d’obtenir dans les meilleurs délais un remboursement de Wegovy” dans les cas définis par la HAS, a réagi le fabricant danois Novo Nordisk dans un communiqué. Jusqu’ici, l’accès au médicament est réservé aux patients qui peuvent financer eux-mêmes leur traitement, alors même que l’obésité touche surtout les populations les plus précaires. Il s’avère par ailleurs très coûteux : 9 et 12 euros par jour, en fonction des marges appliquées par les grossistes et les pharmaciens, soit entre 274 et 365 euros par mois. Moins qu’aux Etats-Unis (environ 1 300 euros par mois), mais très loin d’être accessible à tous.
Sur le papier, le remboursement était en théorie possible depuis décembre 2022. Une première décision positive avait alors été rendue par la HAS. Cette dernière estimait pourtant à l’époque que le produit n’apportait pas “d’amélioration du service médical rendu”. Une mauvaise note qui plaçait l’entreprise en posture délicate pour aller ensuite négocier le prix de son produit avec l’Etat, via le Comité économique des produits de santé (CEPS). Novo Nordisk avait donc préféré repousser cette discussion à des jours meilleurs. En mai, le laboratoire a finalement fourni de nouvelles données à la HAS. Résultat : alors qu’un avis positif de 2022 concernait “pour des adultes en obésité âgés de moins de 65 ans”, dans sa deuxième évaluation, la HAS lève la restriction sur l’âge.
Perte de poids d’environ 17 %
Ce médicament, qui consiste en une injection hebdomadaire avec un dosage progressif, a été autorisé par l’agence européenne du médicament début 2022 pour la gestion de l’obésité chez les adultes et depuis 2023 pour les adolescents de plus de 12 ans. Les résultats suscitent l’enthousiasme puisque la perte de poids est, selon la HAS, aux alentours de 17 %. Mais son utilisation s’accompagne d’effets indésirables comme des nausées, des diarrhées ou encore des vomissements.
En précaution, il est par ailleurs proposé par la HAS “que la prescription initiale soit réservée aux professionnels et structures impliqués dans la prise en charge de l’obésité”, c’est-à-dire “le médecin spécialiste de l’obésité (médecin nutritionniste) et exerçant en partenariat avec les autres professionnels concernés par l’obésité, SSR spécialisés en gastro-entérologie, endocrinologie, diabétologie, nutrition”, ou alors les centres spécialisés de l’obésité (CSO) ou les centres hospitaliers universitaires (CHU).
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