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Michel Barnier, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République


Il avait mis de douloureuses semaines à être formé. 89 jours plus tard, le gouvernement de Michel Barnier chute déjà après la motion de censure votée par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. Et gagne au passage le titre de gouvernement le plus court de la Ve République. En comparaison, la durée moyenne d’un gouvernement est d’environ deux ans. À 73 ans, Michel Barnier a été le chef de gouvernement le plus âgé de la Ve République. Son style a incarné un vieux monde qu’il a volontairement cultivé, par opposition au “nouveau monde” des macronistes. Face au chahut des députés mardi, il a regretté que l’Assemblée nationale ait “bien changé”.

Michel Barnier détrône ainsi Bernard Cazeneuve et son gouvernement (décembre 2016 à mai 2017), cinquième et dernier nommé sous François Hollande, dont la courte vie – bien que deux fois plus longue que celle du gouvernement Barnier – avec 160 jours d’existence, prit fin en même que la mandature du président socialiste. Pourquoi donc remanier si près de la fin ? La formation de ce gouvernement avait été précipitée par la démission de Manuel Valls, le prédécesseur de Bernard Cazeneuve, qui avait annoncé sa volonté de prendre part à la course présidentielle, peu après que François Hollande ait annoncé ne pas se représenter. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait été propulsé à la tête d’un gouvernement dont la composition était presque entièrement la même que le précédent.

Législatives anticipées et machisme politique

Beaucoup plus récent, c’est le prédécesseur de Michel Barnier, Gabriel Attal, qui tient la troisième place. Installé de janvier à septembre 2024, le gouvernement Attal a pris fin dans le fracas des élections législatives anticipées de juillet. Si la démission de son gouvernement a été acceptée par Emmanuel Macron dès le 16 juillet, il est resté en place pendant plusieurs mois par la suite pour gérer les affaires courantes, dont les Jeux olympiques de Paris au mois d’août. Cela en fait également la période la plus longue entre la démission d’un gouvernement et la nomination du suivant depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le gouvernement d’Edith Cresson, première femme à avoir occupé le poste de Première ministre, n’avait lui non plus pas dépassé un an (323 jours). Edith Cresson est d’abord soutenue par le président Mitterrand durant ses huit premiers mois à la tête du gouvernement – il considérait qu’il lui faudrait du temps pour affronter le machisme politique français. Mais le président de la République fait évoluer sa position lorsqu’il comprend que le groupe socialiste à l’Assemblée ne la soutient plus. Pire, la déroute du Parti socialiste aux élections régionales de mars 1992 pousse certains ténors du parti (comme le maire de Nantes à l’époque et futur Premier ministre lui-même, Jean-Marc Ayrault) à demander publiquement le départ d’Edith Cresson, une première. François Mitterrand lui demandera avec regret sa démission le 2 avril, et nommera à sa place Pierre Bérégovoy. La courte vie du gouvernement Cresson marque une véritable féminisation des postes, avec six femmes ministres dans son équipe.

Les péripéties des Premier ministres de Charles de Gaulle

Le gouvernement de Maurice Couve de Murville, 6e de la Ve République de juillet 1968 à juin 1969, a malgré sa courte existence la singularité d’avoir servi sous deux présidents de la République différents. À la suite de la démission de Charles de Gaulle, le gouvernement de Maurice Couve de Murville reste en place pour assurer les affaires courantes sous l’intérim d’Alain Poher. Le Premier ministre présentera la démission de son gouvernement après 345 jours à la suite de l’élection présidentielle de 1969, qui actera l’arrivée à la présidence de Georges Pompidou.

Bien avant son élection comme président de la République, Georges Pompidou a d’ailleurs été le dernier Premier ministre dont le gouvernement est tombé sous le coup de la censure de l’Assemblée, en 1962. Pour reprendre la main sur la vie politique dont le contrôle semble lui échapper, Charles de Gaulle soumet à l’époque aux Français, par référendum, une grande réforme de la Constitution visant à instaurer le suffrage universel direct à l’élection présidentielle. Le choix d’un référendum à la place d’un traditionnel débat parlementaire est vécu comme un affront par les députés, qui décident en représailles de faire tomber par la censure le gouvernement Pompidou. Contrairement à Michel Barnier, qui tombe aujourd’hui 72 ans plus tard, Georges Pompidou lui, est détenteur d’une longévité record pour un Premier ministre : c’est après six ans et trois mois de service sous la présidence de Charles de Gaulle qu’il chuta.




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