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Motion de Censure : le gouvernement Barnier tombe après une séance électrique à l’Assemblée


Il fallait 288 voix pour faire chuter le gouvernement de Michel Barnier. Finalement, 331 députés ont voté “pour” la motion de censure, a annoncé à 20h25 la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet. À l’issue d’une séance historique, le renversement du gouvernement a été scellé par les voix du Rassemblement national, groupe le plus important en nombre dans l’hémicycle qui estime ses demandes insuffisamment prises en compte dans le vote du Budget 2025, et par le Nouveau Front populaire, qui a lui-même déposé la motion de censure votée ce soir.

Le gouvernement de Michel Barnier avait engagé sa responsabilité pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale pour 2025, après une semaine de débats tendus et stagnants. “Ce n’est pas par plaisir que je n’ai présenté quasiment que des mesures difficiles dans ce budget. J’aurais préféré distribuer de l’argent”, avait-il assuré au sujet de son projet de loi de financement, qualifié par la gauche notamment de texte “d’austérité”, dans un discours d’adieu durant lequel il a défendu son bilan et celui de ses ministres quelques minutes avant le vote. Pour ses dernières paroles de Premier ministre, il avait appelé chaque député à la “responsabilité” dans un “moment de vérité”.

Trois mois seulement après sa nomination – son gouvernement détient le record de durée de vie la plus courte avec 89 jours en place – Michel Barnier, 73 ans, doit donc immédiatement aller présenter sa démission au chef de l’Etat, conformément à la Constitution. Il devient ainsi le premier chef de gouvernement censuré depuis Georges Pompidou en 1962, et le plus éphémère Premier ministre de la Ve République. Jusqu’au dernier moment, Emmanuel Macron avait quant à lui refusé l’idée de la censure. Depuis Ryad en Arabie saoudite, le président de la République a dit mardi ne “pas croire au vote de la censure”, pointant le “cynisme insoutenable” du RN s’il joignait ses voix à celles du NFP, et du côté du PS une “perte de repères complète”.

Des piques lancées en direction d’Emmanuel Macron

Les discours se sont enchaînés à l’Assemblée avant le vote. En défense de la motion de censure, Eric Coquerel (LFI) a tancé l'”illégitimité” d’un gouvernement ne reflétant pas le résultat des législatives, et refusant de revenir sur la réforme des retraites. Boris Vallaud, patron des députés PS, accusant Michel Barnier de s’être “enfermé dans un tête à tête humiliant” avec la leader du RN Marine Le Pen. Une estocade a aussi été envoyée en direction du chef de l’Etat devenant, selon lui, “un obstacle, et en rien une solution. Aujourd’hui nous votons la censure de votre gouvernement mais, plus que tout, nous sonnons le glas d’un mandat : celui du président”, a déclaré à l’ouverture des débats le député de Seine-Saint-Denis.

Malgré les nombreuses concessions obtenues dans la dernière ligne droite, la cheffe de file du groupe d’extrême droite a quant à elle fustigé la politique proposée par le Premier ministre : “vous n’avez apporté qu’une seule réponse, l’impôt […] la politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”, a déclaré Marine Le Pen. Face à la “défiance populaire”, c’est à Emmanuel Macron de “conclure s’il est en mesure de rester ou pas” président, a-t-elle ajouté, alimentant elle aussi l’hypothèse d’une démission du président de la République, que ce dernier écarte.

Une nomination dès cette semaine ?

Le président entend désigner “rapidement” un successeur à Matignon, selon tous ses interlocuteurs. Les noms du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand ou du président du MoDem François Bayrou sont à nouveau évoqués, comme cet été, pour Matignon. Une nomination avant la cérémonie en grande pompe pour la réouverture de Notre-Dame, samedi, est “possible” mais pas garantie, estime un proche du président auprès de l’AFP, qui rappelle les délais souvent longs d’Emmanuel Macron en matière de remaniements. “Rien n’est acté”, se borne pour l’instant à répondre l’entourage présidentiel.

Au sein du socle commun, qui peinait déjà à soutenir de manière unie Michel Barnier (LR, Modem, Horizons et macronistes), les fissures pourraient s’élargir sur les stratégies de cette après-censure. Les Républicains menacent déjà de reprendre leur liberté. Leur chef de file Laurent Wauquiez souligne que l’engagement de son parti avec la coalition gouvernementale en septembre “ne valait que pour Michel Barnier”. De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal propose de nouer un accord de “non-censure” de LR jusqu’au PS pour échapper à la tutelle du RN.




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