Le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a présenté ses excuses jeudi 5 décembre, après avoir été réprimandé pour une prise de position publique sur un projet de loi actuellement examiné au Parlement. Cet ancien commando de marine, devenu un visage familier des Israéliens en raison de ses fréquents points presse télévisés depuis le 7 octobre, a critiqué mercredi soir un projet de loi visant à empêcher que des soldats ou membres de l’establishment de la Défense soient poursuivis pour avoir transmis, sans autorisation préalable, des documents confidentiels au Premier ministre ou à des responsables de Défense.
Porté par deux députés du parti Likoud de Benjamin Netanyahu, le projet de loi Feldstein, du nom d’Eliezer Feldstein, ancien porte-parole du Premier ministre et principal suspect dans une enquête ouverte pour fuite de documents militaires confidentiels, a été adopté en lecture préliminaire au Parlement. Selon Daniel Hagari, ce projet de loi est “très dangereux, car il pourrait permettre à tout membre subalterne de Tsahal de voler des renseignements de son propre chef […] cela met en danger la vie des gens et la vie des combattants. C’est dangereux pour l’armée et pour la sécurité du pays”, a-t-il martelé lors de sa conférence de presse mercredi soir.
Il a par ailleurs précisé, en réaction à la polémique sur la fuite de documents, que ceux-ci avaient « été volés à l’armée et transmis à un journal en Allemagne d’une manière qui a contourné la censure militaire. Ces renseignements ont été révélés à l’ennemi et ont porté atteinte à la sécurité d’Israël », rapporte le Times of Israël. Des propos qui ont suscité la colère du ministre de la Défense, Israël Katz : « les critiques formulées par le porte-parole des Forces de Défense israéliennes à l’encontre de l’exécutif et du processus législatif de la Knesset constituent un incident grave, et une déviation complète de ce qui est autorisé et attendu d’une personne en uniforme dans un régime démocratique », indique le Times.
Rappel à l’ordre
D’autres, dont le ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, qui est également ministre de la Défense, ont semblé suggérer que Daniel Hagari devrait être démis de ses fonctions. Réprimandé par le chef d’état-major, Herzi Halevi, Daniel Hagari s’est excusé peu après dans un message sur X : “Dans ma déclaration de ce soir en réponse aux questions, je me suis exprimé d’une manière qui dépassait mes prérogatives en tant que porte-parole de l’armée, et j’ai été réprimandé pour cela par le chef d’état-major”, a-t-il écrit. “L’Etat d’Israël est un pays démocratique et Tsahal est subordonné à l’échelon politique”, a-t-il ajouté.
Benjamin Netanyahu s’est quant à lui félicité de la réprimande, affirmant mercredi soir, dans un communiqué de ses services, que “dans un pays démocratique, l’armée ne doit pas intervenir dans les affaires politiques et certainement pas critiquer la législation”. De son côté, le membre sortant du cabinet de guerre et ancien état-major de Tsahal, Benny Gantz, a tenté de refermer la polémique : « Ce soir, il a commis une erreur et s’est excusé, mais son intégrité n’est pas mise en doute ».
Daniel Hagari n’en est pas à sa première friction avec le gouvernement. En juin, il avait déjà été rappelé à l’ordre après avoir qualifié de “poudre aux yeux” l’idée qu’on pourrait “faire disparaître” le Hamas, dont l’attaque le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
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