Dans un entretien accordé à L’Express, Camille Grandmaison, du musée du temps de Besançon, le rappelle : les êtres humains ont mis des millénaires avant de parvenir à mesurer précisément le temps. Les premiers outils sont apparus vers 1500 avant Jésus Christ avec les cadrans solaires, bien avant l’arrivée de l’horloge mécanique à la fin du XIIe siècle et de la montre de poche en 1510. Cinq siècles plus tard, le monde hérite d’une forme d’universalité des montres-bracelets sur les poignets, qui n’est pas pour autant synonyme d’uniformité. Bien au contraire. Les apparentes contradictions des tendances horlogères cohabitent de fait en harmonie. Pour les uns, retour à la sobriété dans l’affichage des heures et regain des mini-montres féminines. D’autres privilégient le travail sur les cadrans, ce petit disque de métal où se concentre la diversité créative. Autant que du temps, la montre reste un marqueur de style.
L’Express : Depuis quand les êtres humains savent-ils mesurer le temps ?
Camille Grandmaison : Dès le Paléolithique, vers – 40 000 ans avant notre ère, les hommes et les femmes ont observé le caractère cyclique de la nature : l’alternance du jour et de la nuit, le déroulement des saisons, la position des étoiles selon la période de l’année…
Mais c’est vraiment à partir de l’écriture, vers 3000 avant Jésus-Christ, que les premiers calendriers sont apparus, notamment en Mésopotamie avec l’année de 365 jours, la semaine de 7 jours, l’heure découpée en 60 minutes… A noter que la durée d’une heure variait entre l’hiver et l’été, afin de se caler sur la durée d’exposition au soleil. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’apparaîtra le temps fixe mondialisé, utile notamment pour la circulation des trains.
Quels ont été les premiers instruments de mesure du temps ?
Les tout premiers cadrans solaires apparaissent vers – 1500. A cette époque, on invente aussi les premières horloges à écoulement. Ce sont les clepsydres, basées sur l’écoulement de l’eau, ou les horloges à feu, avec la combustion de bougies, d’huile ou d’encens. Les sabliers viendront seulement au XIIe siècle, avec la maîtrise de la technique du verre.
De quand date l’invention de l’horlogerie mécanique ?
De la fin du XIIIe siècle. En Europe, de très grandes horloges à rouages sont installées dans les monastères, afin de permettre aux moines de savoir à quelle heure se rendre aux offices. Vers le milieu du XIVe siècle viendront les premières horloges domestiques, apanages des classes les plus aisées.
La seconde étape de la miniaturisation, c’est la montre ?
Oui. Les premières apparaissent vers 1500, mais elles avaient souvent une heure de décalage avec la réalité et, de ce fait, servaient surtout de bijou ! Leur précision s’améliorera plus tard, grâce en particulier aux inventions géniales du Néerlandais Christian Huygens. Plus tard encore viendront l’horlogerie électrique, au XIXe siècle, l’horlogerie à quartz en 1928 et enfin l’horlogerie atomique, en 1949.
Pourquoi le musée du Temps est-il installé à Besançon ?
Parce que la ville a été la capitale de l’horlogerie française à partir du XIXe siècle, en raison notamment de sa proximité avec la Suisse et de son savoir-faire dans le travail du métal. C’est ici, aussi, que se trouvait une école nationale d’horlogerie, un observatoire astronomique, sans oublier de grandes entreprises comme Lip ou Kelton.
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