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Pourquoi les Suédois sont bien plus capitalistes et pro-riches que les Français


C’est un cliché qui a la vie dure. Encore aujourd’hui, beaucoup imaginent la Suède en paradis socialiste, un havre égalitaire à l’imposition heureuse. La preuve, venue du nord, qu’une troisième voie entre capitalisme et communisme serait possible. Une étude Ipsos Mori menée par Rainer Zitelmann prouve pourtant que les habitants du royaume scandinave sont nettement plus ouverts au libre marché et aux riches que les Français. Au niveau international, sur la trentaine de pays sondés par le sociologue allemand, la Suède fait partie d’un petit groupe ayant une vision globalement positive de l’économie de marché, derrière l’Argentine, le Japon, la Corée du Sud, la République tchèque, les Etats-Unis et la Pologne, mais loin devant l’Allemagne, l’Italie ou, bien sûr, la France. Si comme dans de nombreux Etats, le mot “capitalisme” fait figure de repoussoir pour une majorité de personnes, Rainer Zitelmann classe la Suède parmi les nations qui ont une attitude globalement neutre par rapport au capitalisme, au même niveau que le Brésil, l’Ouganda et la Roumanie.

Les Suédois portent également un regard bien plus positif sur les grandes fortunes que la moyenne européenne. Rainer Zitelmann a établi un indice de la perception des riches. Un score supérieur à 1 signifie que celle-ci est majoritairement négative, un score inférieur à 1, positive. La France, avec un indice de 1,2, se distingue par la mauvaise image qu’ont les riches au sein de la population. La Suède obtient, elle, un indice de 0,6, soit le même que celui des Etats-Unis. Selon Forbes, elle possède d’ailleurs l’une des plus fortes densités au monde en milliardaires. “Aujourd’hui, la Suède est loin d’être un pays socialiste”, assure Zitelmann.

La colère de la créatrice Fifi Brindacier

L’indice de liberté économique de la Fondation Heritage, qui mesure le degré de libéralisme dans tous les pays du monde en fonction de 10 critères (liberté d’entreprise, poids des taxes et impôts, dépenses du gouvernement, lutte contre la corruption, protection de la propriété privée…), place la Suède à la 9ᵉ place mondiale, entre le Danemark et la Norvège, bien loin devant les Etats-Unis (25ᵉ). La France se situe, elle, à la… 62ᵉ place. Même si les dépenses gouvernementales représentent toujours près de 50 % du PIB, le pays a supprimé les droits de succession, les droits de donation et l’impôt sur la fortune.

L’image de bastion du socialisme qu’on associe à la Suède au même titre que les Krisprolls ou Abba date en réalité des années 1970-1980. Sous l’influence de l’aile gauche de l’hégémonique Parti social-démocrate, l’Etat, alors l’un des plus riches du monde, a appliqué une politique de protection sociale très coûteuse. Entre 1970 et 1985, le nombre de fonctionnaires passe de 26 à 38 % de l’emploi total. Même la romancière Astrid Lindgren, créatrice de Fifi Brindacier, s’indigne en 1976 d’un taux d’imposition marginal de 102 %. La hausse des salaires et des impôts s’accompagne d’une forte inflation et de dévaluations. En 1992, durant quelques jours, le taux d’intérêt culmine à 500 %, et le déficit public atteint 12 % du PIB. Quatrième dans le classement du PIB par habitant de l’OCDE en 1970, la Suède est reléguée à la 16ᵉ place en 1995.

Face à la crise économique, les années 1990 sont marquées par d’importantes réformes libérales, permettant des gains de productivité et une forte croissance des exportations. En 1999, le Parlement vote à l’unanimité une réforme du système des retraites, repoussant l’âge pivot à 65 ans et associant répartition et capitalisation. La diminution du poids de l’impôt n’empêche pas une réduction spectaculaire de la dette publique, qui chute de 70 % du PIB en 1995 à 31 % en 2023. Depuis deux décennies, seuls quelques pays, dont la Pologne et le Vietnam, ont connu une plus grande libéralisation économique que la Suède. “Si vous voulez vous inspirer de la Suède, ne cherchez pas à imiter ce qui a failli détruire notre pays dans les années 1970 et 1980 ! Chez nous, la gauche comme la droite ont tiré les leçons de ces décennies. A l’époque, nous étions effectivement marxistes, nous avons doublé la taille de l’Etat, régulé le marché du travail, augmenté les impôts… Mais cela a été désastreux sur le plan économique”, avertit l’essayiste libéral Johan Norberg, pour qui son pays a depuis renoué avec les recettes qui ont fait son succès : “Des marchés ouverts, avec des multinationales performantes qui permettent d’augmenter les salaires tout en finançant l’Etat-providence.”




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