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Survivre grâce à Notre-Dame, l’espérance d’Emmanuel Macron


Des débats interminables sur la séparation de l’Église et de l’État, tranchés en dernière minute par… Météo-France. Les rafales de vent (entre 65 et 80 km/h annoncés) souffleraient-elles dans les voiles d’un président en quête de reconnaissance ? Initialement prévue sur le parvis de Notre-Dame, c’est finalement au pied de l’autel, en plein cœur de la nef, que la prise de parole d’Emmanuel Macron a eu lieu. “Grâce au ciel !”, ironisait quelques heures avant le discours le patron de l’UDI, Hervé Marseille. Le changement de dernière minute n’a sans doute pas déplu au chef de l’Etat, désireux depuis le premier jour de s’exprimer entre ces murs, pénétrant en majesté la cathédrale au bras de son épouse et de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

C’est ce que l’on appelle une bonne journée. Une heure plus tôt, Emmanuel Macron réussissait son coup, parvenant à réunir le président ukrainien Volodymyr Zelensky et l’Américain Donald Trump dans le salon doré de l’Élysée, sans manquer de poster le cliché des deux chefs d’État l’entourant sur ses réseaux sociaux. De quoi faire oublier la pesante absence du pape, qui a préféré l’Île de Beauté à la capitale. Face à la cathédrale, le couple présidentiel a pris quelques photos avec ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, François Hollande et Julie Gayet. L’air est somme toute léger entre les pierres blondes rénovées : aux premiers rangs, les ministres démissionnaires Rachida Dati et Antoine Armand sont pris de fous rires à la vue du président américain. Emmanuel Macron, lui, reprendra-t-il du souffle ? “Le souffle et l’air donnés par ces moments sont très passagers”, relativise François Patriat, sénateur et soutien de la première heure du président. “C’est Notre-Dame qu’il s’agit de célébrer, le président a bien cela en tête”, prévenait l’Élysée.

Les voies du président de la République sont impénétrables. La cathédrale résonne de son éloge de la fraternité. “Fraternité de ceux qui ont donné sur tous les continents, de toutes les religions, de toutes les fortunes” ; “Fraternité des compagnons, apprentis, et de tous les métiers, ici réunis” ; “Fraternité d’un peuple déterminé à faire de grands choix […]”. Humilité aussi, “il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité”. Transmission, enfin : “Notre cathédrale nous rappelle que nous sommes les héritiers d’un passé plus grand que nous, qui peut chaque jour disparaître.” Qu’importe les intempéries, la réouverture de Notre-Dame vaut presque canonisation pour le locataire tourmenté de l’Elysée. Samedi 7 décembre, date d’assomption présidentielle.

Derrière les murs de la cathédrale, une crise politique historique

Emmanuel Macron s’était-il fait violence ce 16 avril 2019, promettant dans le même temps de rebâtir Notre-Dame tout en mettant en garde contre “le piège de la hâte” ? Ce samedi en mondovision, la parole présidentielle, performative parfois – souvent contradictoire -, a été prononcée sous les hourras d’un parterre de chefs d’État, entrepreneurs, ecclésiastiques, et autres ministres démissionnaires. Contraste saisissant : derrière les immenses murs de la cathédrale reconstruite ourdit une crise politique historique. Sacre contrarié. Mercredi dernier, une large majorité de 331 députés a censuré le gouvernement, après que Michel Barnier a engagé sa responsabilité sur le projet de budget de la Sécurité sociale. Le Savoyard, nommé (et choisi) par Emmanuel Macron au gré de laborieuses tractations, suite à une catastrophique dissolution, n’aura survécu que 89 jours dans le chaudron parlementaire.

La parole présidentielle n’assume pas la faute pour deux. Mercredi lors de son allocution aux Français, Emmanuel Macron a ainsi admis que la décision n’avait “pas été comprise” – sur BFM TV le lendemain, Édouard Philippe, qui “connaît bien le président”, y a vu les esquisses d’un mea culpa. Le bateau tangue, alors prenez exemple sur le chantier “impossible” de Notre-Dame. Ses amis le traduisent : “La renaissance de la cathédrale, alors que la France vacille, frappée par une perte de valeur, par l’envie de détruire plutôt que de construire, est une invitation à la réflexion.” “Nous l’avons fait parce qu’il y a eu un cap clair, une volonté”, a encore martelé le président dans la même allocution. “Nous” s’accorde-t-il toujours au pluriel ?

C’est au singulier qu’il a reçu, pour l’instant, les principaux chefs de l’opposition. Au centre du jeu, l’intéressé, pourtant désireux au lendemain de la censure de renommer rapidement un Premier ministre, veut-il finalement se prévaloir du “piège de la hâte” ? Hier encore, avant d’ouvrir un nouveau cycle de consultation avec les principaux groupes parlementaires, Emmanuel Macron affirmait à ses proches qu’il se passerait d’un tel procédé, tant celles de juillet dernier avaient laissé un goût amer. Le voilà, après Notre-Dame, embarqué dans un nouveau jeu de dés avec les oppositions, dont il s’imagine le maître. “Maître du temps long”, on a dit.




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