Chantage, intimidation, menaces… Le républicain Donald Trump n’en est pas à son coup d’essai. Celui-ci en a même fait sa marque de fabrique. Et cela, les admirateurs du 47e président des Etats-Unis l’ont bien compris. Au point d’eux-mêmes suivre ses pas. Avant le vote du collège électoral (composé de 435 représentants et de 100 sénateurs) qui confirmera la composition du gouvernement américain le 20 janvier prochain, les alliés du magnat de l’immobilier regorgent d’inventivité pour convaincre les sénateurs républicains les plus sceptiques.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette campagne commence à porter ses fruits. Certains sénateurs du Grand Old Party (GOP), comme Joni Ernst de l’Iowa et Lindsey Graham de Caroline du Sud, qui étaient incertains de voter en faveur de la nomination de Pete Hegseth à la tête du Pentagone, sont désormais revenus sur leur décision. Même revirement de situation pour les nominations controversées de l’ancienne représentante démocrate Tulsi Gabbard au poste de cheffe du renseignement américain, et de celle de Kash Patel à la direction du FBI, dont les critiques diminuent au fur et à mesure des rencontres entre candidats et sénateurs.
Suivre pour survivre
Coïncidence ? La sénatrice Lisa Murkowski ne le croit pas. La républicaine a déclaré lors d’une conférence jeudi 12 décembre que le message de Donald Trump et de ses admirateurs était clair : si les législateurs souhaitent “survivre” en politique, ils ont “intérêt à prendre la bonne décision”. Les coups de projecteurs sur les récalcitrants potentiels mettraient ainsi leur carrière en péril, ce qui expliquerait les récentes rétractations.
Si les alliés du président élu mettent du cœur à l’ouvrage pour intimider leurs pairs, c’est que la confirmation des nominations ne tient qu’à une seule condition : l’unité du parti républicain. Dans le prochain Sénat, les partisans du GOP disposeront de 53 sièges, contre 47 pour le Parti démocrate. Un nombre suffisant pour garantir la confirmation d’un ministre si les démocrates votent unanimement contre lui. Mais dans le cas où plus de trois sénateurs républicains ne seraient pas favorables à la nomination d’un ministre, ce dernier se verra refuser l’accès au gouvernement.
Un destin que pourrait connaître l’ancien animateur de Fox News, Pete Hegseth. Accusé d’agression sexuelle en 2017 et de consommation excessive d’alcool, le républicain s’est rapidement trouvé dans le viseur des sénateurs. Voyant le vent tourner, Donald Trump a alors envisagé de le remplacer par le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Durant ces jours d’incertitude, la sénatrice républicaine Joni Ernst, membre du Comité des forces armées, a affirmé à Fox News qu’elle n’était pas prête à soutenir la candidature de Pete Hegseth, et qu’elle voulait que “l’ensemble des allégations” contre lui soient vérifiées dans le cadre d’un “processus d’examen approfondi”. Mais après une campagne d’intimidation menée en ligne par des influenceurs pro-Trump, fondée sur des rumeurs portant sur le divorce de Joni Ernst, la sénatrice est revenue sur sa décision. Désormais, celle-ci entend soutenir l’ancien présentateur “tout au long de la procédure” et dénonce les allégations contre lui comme provenant de sources anonymes, l’un des éléments clés de la défense de Pete Hegseth.
Un soutien intéressé
D’autres sénateurs républicains ont, quant à eux, assuré qu’ils ne se laisseraient pas influencer par leurs pairs. “Pour moi, [l’intimidation] est quotidienne […] à cause de l’extrême gauche et l’extrême droite parfois. J’y suis donc habituée”, a déclaré la législatrice Susan Collins. D’habitude, les sénateurs sont davantage à l’abri des pressions politiques que leurs homologues de la Chambre des représentants, en raison de leur mandat de six ans, quatre années plus long que celui de la chambre basse. Mais en 2026, certains pourraient perdre leur siège lors des élections sénatoriales. Le soutien du Parti républicain leur est donc précieux.
D’autant plus que cette année, la situation est bien différente de 2016, année de la précédente élection de Donald Trump. A l’époque, les sénateurs ne se sentaient pas redevables envers celui qui était alors novice en politique. Mais aujourd’hui, de nombreux républicains portés au pouvoir par Donald Trump pourraient donc, en contrepartie, confirmer les nominations voulues par le 47e président des Etats-Unis. Pour l’heure, Pete Hegseth doit encore faire l’objet d’une enquête du FBI sur ses antécédents. Réponse le 20 janvier prochain.
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