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De Caligula à Bachar el-Assad, les tyrans finissent toujours mal, par Abnousse Shalmani


Bachar el-Assad est tombé, après vingt ans d’un règne sanguinaire succédant à celui de son père, qui aurait préféré l’autre fils, décédé dans un accident de voiture. Ophtalmo devenu tyran, Bachar el-Assad a fini président zombie d’un narco-Etat sous triple protectorat (russe, turc et iranien), avant d’être exfiltré vers Moscou et Poutine, qui tient dorénavant sa famille et sa vaste fortune volée entre ses mains. J’ai alors pensé à tous les autocrates qui continuent de pulluler à travers le monde. Malgré les preuves accumulées au fil des siècles, malgré la diffusion plus rapide de l’information, malgré les “nous savions pourtant”, il y aura toujours des autocrates qui s’installeront, par le vote ou par la force, à la tête d’Etats faibles, faillis, en crise, malades, désespérés… mais ils finiront toujours par tomber lamentablement. Ce n’est peut-être qu’une piètre consolation, mais suffisante pour espérer la chute de ceux qui aujourd’hui continuent d’opprimer et d’assassiner leur population.

Le moule du “parfait” tyran reste Caligula. Arrière-petit-fils de l’empereur Auguste, il régna par la terreur et la folie entre 37 et 41 après J.-C. et il n’aurait jamais dû parvenir au pouvoir. C’est parce que l’empereur Tibère a consciencieusement massacré tous ses descendants possibles qu’il ne restait plus que Caligula comme successeur. Celui-ci, impatient de se venger, finit par étouffer sous un oreiller Tibère et prendre le pouvoir. Comme pour Bachar, les premiers temps du règne sont euphoriques : Caligula rassure par des décisions mesurées, peuple et sénateurs sont contents ; Bachar promet une libéralisation politique, oppositions et peuples sont contents. Mais les choses vont très vite, très mal. Je vous épargnerai les perversions de Caligula, qui, entre paranoïa et mégalomanie, se fait rapidement détester par tout le monde avant de mourir assassiné par deux de ses gardes du corps.

Paranoïa et mégalomanie, voilà les deux mamelles qui maintiennent le tyran au pouvoir avant de provoquer sa chute. La paranoïa crée le vide et entretient la terreur. Mussolini, Ceausescu, Saddam Hussein, Kadhafi, Franco étaient tous paranos, persuadés d’être victime d’une nouvelle conspiration chaque matin. En mettant en scène des humiliations et des exécutions publiques, ils instaurent la terreur. C’est Saddam Hussein qui, lors d’une réunion du parti Baas en 1979, purge en direct, en nommant les traîtres présents dans la salle, ceux qui seront exécutés quelques minutes plus tard. C’est le modèle type stalinien des grands procès publics où, quelle qu’ait pu être la proximité avec le pouvoir, nul n’est à l’abri. Forcément, la conséquence sur la population est profonde, la peur palpable, la paralysie totale. Comme on le disait en Syrie depuis le règne de Hafez el-Assad : “chuuut, les murs ont des oreilles”.

Les tyrans finissent mal

Vladimir Poutine ne fait pas autre chose quand, en février 2022 à quelques jours de l’invasion de l’Ukraine, il tourne en ridicule et terrorise un haut dignitaire qui bafouille de peur. XI Jinping, lors du Congrès du Parti communiste d’octobre 2022, fait arrêter et expulser, en direct, l’ancien président Hu Jintao sans que nul ne bronche. Depuis il n’est pas réapparu.

Les tyrans, à force d’inspirer la terreur, s’isolent et plus personne n’ose leur dire la vérité. Poutine a été le premier surpris de ne pas prendre Kiev en trois jours, tant il ne savait rien de la réalité de ses forces. Même chose pour Mussolini qui, à l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, découvre que son armée est nue.

Les tyrans finissent mal. Mussolini est lynché, son cadavre pendu par les pieds par les Milanais, Ceausescu et sa femme sont exécutés après un procès expéditif digne de ceux qu’ils ont infligés aux Roumains depuis 1965, Saddam Hussein est exécuté avec la même rapidité et Kadhafi lynché. Le mausolée de Hafez el-Assad a été éventré par les islamistes victorieux de son régime et son cercueil brûlé. Les tyrans ne font ni cadavres glorieux ni postérité désirable. Khamenei et Nicolas Maduro, notamment, doivent passer de très mauvaises nuits. En espérant que la chute des tyrans ne donne pas toujours raison à George Bernard Shaw : “Les révolutions n’ont jamais allégé le fardeau de la tyrannie. Elles l’ont seulement changé d’épaule.”

Abnousse Shalmani, engagée contre l’obsession identitaire, est écrivain et journaliste




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