Récolter des dons, trouver des financeurs, recruter des bénévoles. A quelques jours de la nouvelle année, tout n’est plus qu’une question de temps. Le 20 janvier marquera le premier jour du retour de Donald Trump au Bureau ovale. Une échéance à laquelle se préparent les associations de défense des réfugiés aux Etats-Unis. Réputé pour sa politique anti-immigration menée lors de son premier mandat en 2017-2021, le républicain a confirmé lors de sa campagne présidentielle qu’il resterait sur cette même orientation une fois au pouvoir. En septembre, il proposait sur le réseau social X un programme contre l’immigration, ciblant les migrants sans papiers, mais également la “suspension immédiate” du programme d’installation des réfugiés (USRAP). Le “Projet 2025”, un plan politique élaboré pour la prochaine administration républicaine, suggère même au futur président de citer le nombre de record de traversées de migrants ayant eu lieu durant le mandat de Joe Biden, pour justifier l’arrêt du programme américain d’admission des réfugiés.
Depuis l’élection du magnat de l’immobilier le 5 novembre, les associations de défense des réfugiés œuvrent donc pour le maintien du programme. D’après The New York Times, les bénévoles ont même tenté de rencontrer Marco Rubio, candidat de Donald Trump au poste de secrétaire d’Etat, dans l’espoir de le convaincre de préserver ce dispositif. En vain. Sans rétropédalage du républicain, nombre de réfugiés, dont la réinstallation aux Etats-Unis a été approuvée, pourraient se retrouver bloqués à l’étranger.
Une course contre-la-montre
Une course contre-la-montre est bel et bien engagée. Les associations n’ont donc plus le choix : elles doivent agir au plus vite. Certaines s’efforcent déjà de trouver des financements pour maintenir les opérations d’aide aux réfugiés déjà présents dans le pays, de trouver un logement et des kits d’hygiène aux personnes le nécessitant, ainsi que de développer la base de bénévoles. D’autres tentent d’accélérer l’arrivée des personnes qui patientent dans des camps au Kenya, en Jordanie et en Ouganda. “Mon cœur se serre lorsque je vois une famille dont l’arrivée est prévue après le 20 janvier”, regrette auprès du New York Times Cynthia Shabb, directrice exécutive de Global Friends Coalition, une organisation à but non lucratif du New Jersey qui accueille des réfugiés du monde entier.
Avant d’entrer aux Etats-Unis, le parcours d’un réfugié est semé d’embûches. Selon l’organisation à but non lucratif Global Refuge, celui-ci doit d’abord être référé par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour être pris en considération pour le programme américain. Un entretien est ensuite réalisé avec le demandeur d’asile pour approuver ou non sa classification en tant que réfugié. Une fois la rencontre effectuée, le réfugié sélectionné pour être accueilli aux Etats-Unis doit “réussir pas moins de 12 contrôles de dépistage par diverses autorités internationales et américaines”. Cette procédure longue et rigoureuse, pouvant durer plusieurs années, explique pourquoi de nombreux réfugiés craignent de ne pas pouvoir entrer dans le pays avant l’investiture du 47e président des Etats-Unis.
11 000 réfugiés sous Donald Trump, 100 000 sous Joe Biden
D’autant plus qu’au cours de son premier mandat, Donald Trump avait considérablement réduit le nombre de réfugiés autorisés à entrer dans le pays. En 2020, les Etats-Unis avaient accueilli environ 11 000 réfugiés. Un niveau historiquement bas, lorsque Joe Biden, en 2023, en a accueilli près de 100 000.
Chaque année, le président détermine le nombre de réfugiés que les Etats-Unis sont prêts à accueillir au cours d’une année donnée. Durant des décennies, le programme américain a reflété la volonté des Etats-Unis d’être de fervents défenseurs des droits humains. Et ce, qu’importe le parti du président au pouvoir. De 1980, création du dispositif, à 2021, plus de 3 millions de réfugiés ont été accueillis.
Mais dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2017, Donald Trump a exprimé un mépris particulier à l’égard des personnes originaires de pays majoritairement musulmans comme le Yémen, la Syrie et la Somalie, où la guerre et la famine ont déplacé des millions de personnes, déclarant que ces réfugiés pouvaient constituer une menace pour la sécurité nationale. Par conséquent, des milliers de personnes, prêtes à être accueillies aux Etats-Unis, se sont retrouvées bloquées dans des camps.
La situation en janvier prochain est d’autant plus alarmante que lors de son premier mandat, l’administration Trump disposait de garde-fous, l’empêchant d’appliquer l’ensemble des politiques restrictives. Pour cette nouvelle présidence, Donald Trump, qui détient une majorité républicaine à la Chambre des représentants et au Sénat, devrait avoir une marge de manoeuvre conséquente. Et ce n’est pas Tom Homan, nommé directeur de l’agence responsable du contrôle des frontières et de l’immigration américaine, qui s’y opposera. Au contraire, celui-ci a d’ores et déjà déclaré que les Etats-Unis pouvaient s’attendre à “un choc” pour le premier jour de mandat de Donald Trump. Dès janvier, le nombre de réfugiés entrant dans le pays pourrait donc considérablement diminuer.
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