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Toujours disponibles, premiers aux réunions… Ce que cachent vraiment les adeptes du présentéisme


La star de l’absentéisme a un nom : l’arrêt maladie, avec 28 % de salariés ayant bénéficié d’au moins un arrêt indemnisé en 2023 (Drees, 2024) pour une dépense de 10,2 milliards d’euros. Depuis 2019, l’absentéisme de longue durée a augmenté de 31 %, avec une progression de 30 % chez les moins de 30 ans. Six salariés sur dix ont été en arrêt au moins une fois en 2023 et un quart des arrêts de longue durée étaient liés à des troubles psychologiques (Axa, Datascope, 2024). Est-ce à dire que son opposé, le présentéisme, représente la face vertueuse du monde du travail avec des employés heureux et productifs ? “Il existe le cas de salariés présents physiquement au travail mais dont l’esprit est ailleurs. Ils se montrent volontairement sous-productifs (et non pas à l’insu de leur plein gré du fait d’une incapacité quelconque) en multipliant les temps de pause et en œuvrant à des affaires personnelles sans lien avec leur fiche de poste”, indique le chercheur Denis Monneuse (Le surprésentéisme – Travailler malgré la maladie, De Boeck, 2013). Un présentéisme qu’il qualifie de “contemplatif” ou “passif”.

Ce présentéisme-là est bien éloigné de celui des collaborateurs qui se rendent au bureau malgré la maladie, pour des raisons variées : 37 % des salariés concernés déclarent que les journées de carence ne sont pas rémunérées. 22 % jugent qu’il leur était impossible de déléguer leurs tâches et 21 % redoutaient d’être surchargés à leur retour (enquête Malakoff Mederic Humanis, 2019). Pour 15 % d’entre eux, le motif invoqué est plus stratégique : ils convoitent une promotion ou sont en danger sur un poste et préfèrent se montrer pour être vus et pour rassurer leur hiérarchie sur leur motivation. Réflexe de survie qui reflète un mal-être. Chez d’autres, on observe une forme de déni : 20 % des salariés estiment ainsi que malgré leur maladie, “leur état de santé ne les empêchait pas de venir travailler” et 39 % des malades se rendent sur site car “ils ne veulent pas se laisser aller”.

Mais souvent le présentéisme, hors maladie, donne une indication sur l’image que l’employé a de lui-même. Par exemple, le timide et la victime du syndrome de l’imposteur craignent d’être remplacés sur leur poste par un supposé meilleur qu’eux. Corvéables à merci, ils vivent mal le regard moqueur et les remarques culpabilisantes du style “tu prends encore ton après-midi ?” alors qu’ils partent en urgence récupérer l’enfant fiévreux à la crèche. De peur d’être confondus avec les lents et les inefficaces, ces collaborateurs-là ont du mal à admettre leurs lacunes, quitte parfois, à s’accrocher à des postes qui ne sont pas faits pour eux.

Un coût colossal pour l’entreprise

Ces employés n’ont pourtant rien en commun avec les loups solitaires ou les chefs de meute, qui n’hésiteront pas à annuler un dîner amical pour une réunion à 20 heures afin d’occuper le terrain et se rendre indispensables à leur manager – avant de le dévorer. Ces rodeurs près du pouvoir concourent avec les compétiteurs nés qui ne vivent que pour l’adrénaline de la concurrence. Ces ex-premiers de la classe aspirent à la reconnaissance du N+1, tout comme ceux qui n’ont que leur travail dans leur vie et vivent ce surinvestissement comme un accomplissement personnel.

Ces “workaholics”, fiers d’être des bourreaux de travail, ne conçoivent pas que d’autres aient une vie personnelle. Attention à ne pas valoriser ces comportements, alerte l’étude Malakoff Mederic Humanis (Ibid) : un risque de supplément de fatigue, de mal-être, d’insatisfaction, de démotivation entraîne un travail et une performance de moins bonne qualité. Pour le reste de l’équipe, ce type d’attitude peut engendrer une dégradation de l’ambiance et de créer un climat social intenable. Sans parler de l’aspect financier. “Au niveau organisationnel, le présentéisme représente un coût considérable pour les employeurs puisqu’il réduit d’au moins un tiers la productivité des salariés”, indique Paul Hemp, ancien rédacteur en chef de la Harvard Business Review. Un coût caché compris entre 13,7 et 24,9 milliards d’euros par an, au moins deux fois plus que l’absentéisme avec 7 milliards d’euros en 2012, calculait déjà en 2015 le cabinet Midori Consulting.




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