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France – Algérie : “Entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, la rupture est consommée”


C’est un énième échec de la politique étrangère d’Emmanuel Macron. Alors que le président français avait fait de la “réconciliation des mémoires” un axe majeur des relations entre la France et l’Algérie, celles-ci sont aujourd’hui plus détériorées que jamais. A l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal le 16 novembre, qui a provoqué l’émoi en France, a succédé une accusation ubuesque contre la DGSE, qui selon la presse algérienne, aurait monté une opération clandestine pour “déstabiliser” l’Algérie. Il faut sans aucun doute y voir les conséquences du revirement d’Emmanuel Macron qui, le 30 juillet, a reconnu la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental.

Mélanie Matarese vit depuis quinze ans en Algérie. Après avoir travaillé en tant que journaliste et lancé El Watan Week-end, elle dirige aujourd’hui une entreprise. Dans Comment la France a (encore) perdu l’Algérie (Les Presses de la Cité), elle offre un éclairage passionnant, de l’intérieur, sur comment les relations entre les deux pays ont pu se dégrader à ce point-là. Pour L’Express, elle analyse la crise diplomatique actuelle, qui a atteint un point de non-retour, explique comment Macron “s’est piégé tout seul dans une course à la reconnaissance et aux actes symboliques” et décrypte le fonctionnement et la logique d’un régime algérien de plus en plus isolé sur le plan diplomatique, encore plus si la Chine lui fait faux bond…

L’Express : Le régime et la presse gouvernementale algériens ont accusé la France d’avoir ourdi, via la DGSE, un complot visant à recruter des terroristes algériens. Ce qui rappelle des accusations précédentes au moment de l’affaire Bouraoui en 2023, ou les attaques ubuesques la même contre les services de renseignement français qui auraient comploté avec le Mossad et le Maroc pour déstabiliser l’Algérie… Un nouveau palier a-t-il été franchi dans la dégradation des relations franco-algérienne ?

Mélanie Mataresse : Cette “affaire DGSE” est beaucoup plus préjudiciable à la relation bilatérale qu’elle n’en a l’air car elle ne touche pas seulement le politique. Elle sape un des fondements les plus sacrés de la relation bilatérale : la coopération sécuritaire entre les deux pays.

Depuis que la grande crise – dans laquelle s’inscrit cet épisode – a éclaté en juillet, à la suite de la reconnaissance par Paris de la marocanité du Sahara occidental, Alger a coupé quasi tous les canaux de communication avec Paris, y compris ceux des services de renseignements. Ces derniers ont très mal vécu cette rupture, d’autant qu’à l’époque, ils comptaient sur leurs partenaires algériens pour échanger afin de prévenir d’éventuels attentats alors que la France recevait les Jeux olympiques.

Là, apparaît d’ailleurs toute l’incongruité de cette histoire de complot : non seulement Paris et Alger ont toujours été, malgré les crises politiques, unis dans la lutte contre le terrorisme. Mais surtout, on voit bien que la France n’a aucun intérêt à déstabiliser l’Algérie puisqu’elle serait la première à en payer les conséquences. Ces attaques répétées contre les services français causent aussi des dégâts durables à l’intérieur même de la DGSI et de la DGSE, où même les plus fervents défenseurs de l’Algérie soulèvent un problème de confiance.

Comment expliquez-vous l’arrestation de Boualem Sansal, à l’âge de 80 ans, qui choque profondément en France ?

L’arrestation de Boualem Sansal choque profondément de ce côté de la Méditerranée puisqu’on la regarde, et c’est normal, à travers un prisme français : c’est une atteinte à la liberté d’expression, on a “embastillé” (le choix du mot est d’ailleurs éclairant) un écrivain, un homme de 80 ans, un libre penseur, etc.

Pour les autorités algériennes, le prisme est un peu différent. Leur priorité est de gérer deux types de pressions qui pourraient, si elles ne sont pas contenues, réellement déstabiliser le pays. La première est interne. L’Algérie est un très grand pays (quatre fois plus grand que la France), avec une population hétérogène entre le nord et le sud du pays, très jeune (70 % de la population a moins de 40 ans), qui a des besoins importants en logements, emploi, énergie, et qui connaît des dynamiques internes très fortes. Pour les gouvernants, le défi est énorme.

La seconde est externe. Depuis la chute de Kadhafi, la Libye est une source d’inquiétude permanente. Début août, le fils de Haftar, Saddam Haftar, a lancé une offensive dans les zones de l’ouest et du sud, près de la frontière avec l’Algérie et le Niger, qui a provoqué un regain de tensions diplomatiques entre les deux pays. Les coups d’Etat au Mali et au Niger ont aussi complètement bouleversé les relations avec Alger, Bamako et Niamey rejetant l’arbitrage de leur grand voisin algérien qui lui, craint à juste titre le développement d’un Sahélistan à ses frontières.

Enfin et surtout, la situation ne cesse de se dégrader entre Alger et Rabat. Pour l’Algérie, il ne fait aucun doute que la normalisation entre le Maroc et Israël, à l’origine de la rupture des relations diplomatiques en 2021, a pour objectif de la déstabiliser. Que cette conviction soit justifiée ou pas, tout dans l’actualité internationale laisse penser qu’à la perte d’influence régionale va s’ajouter un plus grand isolement diplomatique de l’Algérie, surtout si les Etats-Unis de Donald Trump II classent le Front Polisario sur la liste des organisations terroristes, s’il pousse à une seconde vague de normalisation avec Israël (accords Abraham II avec l’appui de l’Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane), et surtout si, comme on l’entend de plus en plus fort, la Chine, que l’Algérie croit son alliée, reconnaît à son tour la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.

Abdelmadjid Tebboune est bien le décideur principal

Dans cette atmosphère, il y a des sujets qui énervent Alger, notamment ceux liés à l’intégrité de son territoire ou à l’intangibilité de ses frontières. Alors quand un de ses ressortissants, qui a déjà exprimé sa sympathie pour Israël ou qui discute avec des membres du Mouvement pour l’autonomie de la Kabyle (MAK, classé terroriste par Alger), déclare, sur un média d’extrême droite, depuis l’étranger, qu’au moment de la colonisation française, l’ouest algérien était marocain, le pouvoir algérien se sent agressé.

Vu de France, le régime algérien semble de plus en plus opaque. Qui a aujourd’hui le pouvoir ? Le président Tebboune ? Le puissant général Saïd Chengriha ? La bureaucratie ?

Vu de France, c’est toute l’Algérie qui est opaque. C’est même un “trou noir”. Et pour cause, les informations les plus accessibles sont celles émises par les médias officiels, les réseaux sociaux et des opposants offshore aux motivations souvent douteuses. Pour ne rien arranger, toutes ces informations sont lues à travers des poncifs largement instrumentalisés par une partie de la classe politique française, aussi bien une gauche paternaliste qu’une droite et une extrême droite “nostalgérique”, qui décrivent l’Algérie comme une sorte d’Afghanistan en devenir, une société statique et monolithique engluée dans l’islamisme et dirigée par des militaires moustachus qui agitent une marionnette de président. Le cliché absolu.

L’autre biais reste la difficulté d’accès de chercheurs, journalistes, etc., au terrain algérien, faute de visas : cela renforce l’image de la terra incognita qui impose, au-delà de la complexité de la situation algérienne, cette idée d’”opacité”. Ceci dit, les témoignages des Algériens, en contact direct avec les autorités civiles et militaires, rapportent tous une même constante : Abdelmadjid Tebboune est bien le décideur principal, ce qui ne l’empêche pas d’échanger avec les militaires sans qu’il y ait nécessairement un rapport de subordination.

Si le fonctionnement du système algérien – plasma où présidence, décideurs militaires, services de renseignements et puissante administration centrale, circulent dans un mouvement constant et un peu chaotique générant des décisions – est devenu plus opaque depuis 2019, c’est parce qu’il n’a pas fini de stabiliser la machine après le gros bouleversement qu’a été le Hirak qui a profondément secoué le système en redistribuant les cartes après vingt ans du règne Bouteflika.

Ce dernier avait imposé une prédominance, illusoire, d’une “façade” civile face aux militaires et à l’État profond (notamment les services de renseignement et l’administration). Depuis 2019, les données changent, assez rapidement. Il faudrait un effort analytique, loin des poncifs cités plus haut, pour appréhender la complexité rationnelle des équilibres des pouvoirs en Algérie.

A vous lire, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron avaient pourtant bien plus d’affinités personnelles que par exemple Macron avec le roi du Maroc Mohammed VI. Pourquoi ?

Emmanuel Macron avait vraiment envie de parier sur Abdelmadjid Tebboune. Sans doute un peu par opportunisme. Le chef de l’Etat français a une conscience aiguë du “trauma Algérie” en France et rêve d’une grande réconciliation entre Français (il a fait de la mémoire refoulée de la guerre d’Algérie est un des terreaux du séparatisme) mais aussi entre Paris et Alger.

Sans doute aussi parce que le président algérien est un interlocuteur idéal pour la France : il fait partie d’une génération qui n’a pas fait la guerre de libération mais est formé par le cumul historique de cette période. C’est le premier président algérien depuis 1962 à ne pas être un moudjahid (combattant de l’Armée de libération nationale, bras armé du FLN 1954-1962), tout en ayant un père érudit nationaliste qui a été persécuté par l’administration coloniale de l’époque.

Tebboune est un raconteur intarissable d’anecdotes et d’histoires sur la France et l’Algérie, il a le sens de la répartie. Comme je l’explique dans le livre, sur le papier, le casting était parfait. Les deux hommes ont en commun un franc-parler, ils méprisent les éléments de langage, assument leurs dérapages et leur franchise. Abdelmadjid Tebboune est, enfin, un partenaire moins problématique que Mohammed VI : le pouvoir algérien n’a jamais espionné Emmanuel Macron en utilisant un logiciel espion israélien et sa famille ne déboule pas à Paris en semant la pagaille dans les hôtels.

Emmanuel Macron a fait de la mémoire un axe majeur de sa tentative de réconciliation avec l’Algérie, reconnaissant que le dirigeant nationaliste Ali Boumendjel avait été torturé et assassiné par l’armée française, ou se recueillant aux côtés des failles des victimes du massacre du 17 octobre 1961. S’est-il fourvoyé dans cette voie ?

Emmanuel Macron s’est acharné à faire de la mémoire un thème central de la réconciliation. En France, l’enjeu de la réconciliation des communautés mémorielles (pieds-noirs, appelés et harkis notamment) ne présentait pas de risque politique majeur pour lui. En revanche, instrumentaliser l’histoire à des fins diplomatiques, qui plus est avec l’Algérie, présentait un risque énorme.

En conditionnant la relation bilatérale à une question qui ne se réglera jamais, le président Macron s’est piégé tout seul dans une course à la reconnaissance et aux actes symboliques a pour conséquence de faire s’éterniser la douleur, pas de la régler. Parce qu’il a entraîné contre leur gré les autorités algériennes dans un process trop lourd pour elles. Il est aujourd’hui compliqué en Algérie de mener un travail sur la réconciliation alors que les universitaires ont difficilement accès aux archives nationales ou qu’ils sont confrontés à des entraves bureaucratiques.

Résultat, le piège s’est refermé sur Emmanuel Macron. Reconnaître la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi, figure de la révolution algérienne, était une initiative très forte, surtout à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance. Sauf que ce geste est arrivé quelques jours après le discours du président devant le Parlement marocain à Rabat, où il a réitéré que “le présent et l’avenir” du Sahara occidental “s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine” et assuré que la France investirait au Sahara occidental. Si ce n’était pas voulu, l’épisode “Larbi Ben M’hidi” a été perçu comme une humiliante compensation à Alger.

D’un point de vue purement stratégique, économique et géopolitique, la France n’a-t-elle pas tout intérêt à “jouer” le Maroc, comme l’ont fait les Etats-Unis, l’Espagne ou l’Allemagne, plutôt que l’Algérie, qui a accentué sa coopération avec la Russie ? Le premier s’est clairement rangé dans le camp occidental, offre un cadre bien plus rassurant et attractif pour les entreprises et entretient bien moins de rancœur mémorielle par rapport à l’histoire coloniale…

Les échanges commerciaux entre la France et le Maroc progressent chaque année, la France a retrouvé en 2022 son deuxième rang de fournisseur devant la Chine, elle reste le principal pourvoyeur de devises du Royaume, son premier investisseur étranger et le premier pays d’origine des transferts de la diaspora marocaine et des recettes touristiques. L’argument économique se tient donc évidemment.

Dans quelques années, en Algérie, le français ne sera pratiqué que par une partie de l’élite intellectuelle

Mais la France ne peut pas oublier qu’elle compte sur son territoire un peu plus de deux millions d’Algériens et de Franco-Algériens. La France peut-elle aussi se passer de bonnes relations avec le plus grand pays du Maghreb, qui, malgré une susceptibilité diplomatique, est amené à jouer, de fait, un rôle régional important dans la lutte contre le terrorisme ou la migration clandestine ?

Si le régime algérien a trouvé dans la France une cible facile pour détourner l’attention de ses échecs, la droite et l’extrême droite françaises ont aussi selon vous trouvé dans l’Algérie “une cible commode pour justifier des politiques anti-immigration”. Se focalise-t-on trop sur cette immigration algérienne ?

Bien trop. L’immigré algérien est brandi comme le responsable de tous les maux de la France. Il est vrai qu’en ce moment, un certain nombre d’Algériens notamment diplômés, parce qu’ils ne trouvent pas de travail en Algérie, cherchent à gagner la France. Ces périodes d’exode, on le voit à travers l’histoire, sont conjoncturelles. Si vous demandez, dans la rue, à un Algérien, s’il préfère partir en Europe ou rester chez lui, il vous répondra invariablement qu’il préfère vivre dans son pays.

Le problème, c’est qu’aujourd’hui, l’Algérie suscite une grande fatigue dans la classe politique française, à droite comme à gauche. Puisqu’il est devenu difficile de la défendre, l’extrême droite a un boulevard pour raconter tout et n’importe quoi. À l’image de Sarah Knafo qui peut tranquillement déclarer que la France donne 800 millions d’euros d’aide à l’Algérie chaque année. En réalité, cette somme a été distribuée sur cinq ans, et il ne s’agit pas d’argent pour l’aide au développement mais de différentes bourses attribuées aux étudiants algériens.

Autre exemple : la droite et l’extrême droite ont fait de l’accord de 1968 une obsession et réclament sa révision au prétexte qu’il serait trop favorable aux Algériens. En pratique, dans beaucoup d’aspects (accès à l’emploi des étudiants algériens), le texte leur est plus défavorable que le droit commun.

Vous suggérez que le rejet de la France en Algérie, et plus globalement au Sahel, est alimenté par le sentiment d’un déclin français et d’une perte d’influence sur la scène internationale. Vraiment ?

Essentiellement. Ce déclin, nettement perceptible quand on est à l’étranger, au Liban comme au Sénégal, pas seulement en Algérie, a commencé il y a quelques années déjà. Sur le continent africain, une nouvelle génération et de nouvelles élites ont émergé, particulièrement critiques à l’égard de la politique étrangère française, accusant Paris d’avoir soutenu des régimes autoritaires au nom de ses intérêts économiques, dénonçant une relation déséquilibrée, désireuses de rompre avec l’héritage colonial, réclamant davantage d’indépendance politique et économique.

La France officielle semble ne pas avoir mesuré les conséquences de cette remise en question. En tout cas, elle est restée impuissante face à de nouvelles dynamiques et de nouvelles revendications souverainistes. Elle n’a pas compris que ses interventions militaires, en particulier en Libye en 2011, ont causé une profonde rupture avec les gouvernants et les populations. Elle n’a pas entendu les voix qui lui soufflaient que les opérations Barkhane/Serval seules – sans développement économique, sans implication de Bamako, sans des “politiques intégrantes” comme demandé à l’époque par Alger… – seraient inopérantes au Sahel pour endiguer les groupes islamistes armés.

Dans le même temps, alors même que son attractivité économique baissait, elle n’a cultivé ni son hard, ni son soft power face à l’arrivée, sur ses terres d’influence, de puissances concurrentes redoutables comme la Chine, la Russie, la Turquie. Ou encore les pays du Golfe dont on donne par moments l’impression d’être les vassaux.

Le français est en net recul en Algérie, le régime pousse l’anglais en primaire et les écoles françaises sont selon vous fréquentées plus par pragmatisme que par amour de la langue. Notre langue est-elle condamnée en Algérie ?

Dans quelques années, le français ne sera pratiqué que par une partie de l’élite intellectuelle, et dans les quartiers les plus luxueux de la capitale. L’élite politique a fait le choix de l’arabe et l’élite économique, tournée vers le Moyen-Orient, a, elle, déjà fait le choix de l’anglais, mondialisation et facilité de visas vers le Golfe obligent. Dans le secteur privé, les moins de 30 ans parlent dans une novlangue, mélange de derja (dialecte algérien) et d’anglais.

Ce recul est à mettre sur le compte de la chasse au français menée par Alger. Le français est en principe inscrit au programme en troisième année de primaire (l’équivalent du CE2). Mais face à la raréfaction des instituteurs formés à une telle mission, il a progressivement disparu des emplois du temps. En même temps, depuis 2022, l’anglais est devenu obligatoire au même âge. À l’université, certains profs dans certaines matières, notamment scientifiques, font de la résistance pour ne pas enseigner en anglais, mais sous la poussée des nouvelles générations qui ne seront formées qu’à l’anglais, le glissement va inévitablement s’opérer.

Mais le déclin du français est aussi à imputer à la prise en compte tardive, par la France, de la culture et de la langue comme outils de soft power dans une feuille de route diplomatique. Pendant que la diplomatie française se gargarisait de voir autant d’Algériens s’inscrire en cours de français, attirés par ce qui était pour elle “l’amour de la langue française”, elle n’entendait pas ces mêmes jeunes rire du français, langue “de Victor Hugo” (comprendre : désuet) et “des romans d’amour”. Pendant que toutes ces années, ses cinq (!) instituts français en Algérie se flattaient d’une programmation de spectacles de danse, de conférences et de pièces de théâtre complètement hors sol.

Que devraient selon vous faire les autorités françaises pour éviter que les relations entre les deux pays se dégradent totalement ?

Dans les milieux les mieux informés à Alger, il se murmure que la rupture est consommée entre les deux présidents. Abdelmadjid Tebboune aurait vécu l’alignement Paris-Rabat comme une trahison. Un casus belli. Que la relation bilatérale se trouve aujourd’hui hypothéquée par Emmanuel Macron alors qu’il cherche depuis le début, malgré des maladresses, à favoriser Alger, est un triste retournement. Mais cela dit une chose essentielle : l’axe Paris-Alger ne doit pas être otage de la bonne entente entre deux hommes. Il doit se construire sur des partenariats sécuritaires, économiques, culturels solides, portés par des administrations conditionnées pour résister aux aléas politiques.

Il faut sortir des logiques personnelles pour reconstruire les mécanismes mis en place sous François Hollande, fixant un cadre pour les consultations politiques, comparable à ce qui avait été fait entre la France et l’Allemagne. Ce sont ces réunions régulières qui permettent de se dire les choses, de désamorcer les tensions avant qu’elles deviennent ingérables, et au pire de trouver des solutions aux crises. Avant cela, Paris – car c’est Paris, qui en choisissant la solution marocaine, en pleine connaissance de cause des conséquences, est responsable de la crise actuelle – doit se montrer proactif en proposant un plan de sortie de crise. Cela prendra du temps, mais en mobilisant les bonnes personnes à un niveau institutionnel (l’envoi d’un émissaire neutre, un plan déjà éprouvé), appuyées par les réseaux informels de la relation bilatérale, d’ici à quelques mois, il est possible de renouer le dialogue.




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