Quatre jours de longues négociations. 15 tours de scrutin. En 2023, l’élection de Kevin McCarthy à la tête de la Chambre des représentants américaine a donné du fil à retordre au Grand Old Party (GOP), secoué alors par de vives tensions. Deux ans plus tard, les mêmes turbulences sont attendues. Ce vendredi 3 janvier, la chambre basse doit élire son nouveau speaker. Un poste clé que l’actuel président Mike Johnson espère bien conserver, malgré la défection de certains républicains.
218 voix nécessaires
Pendant plusieurs décennies, l’élection du président de la Chambre des représentants n’était que formalité aux Etats-Unis. Mais cette année, comme en 2023, ce vote n’a rien d’une évidence. Avec la démission de l’ancien représentant de Floride Matt Gaetz, les républicains détiennent un total de 219 sièges dans la chambre basse. Les démocrates, 215. Mike Johnson n’a donc pas le droit à l’erreur s’il souhaite conserver son poste, étant donné qu’il doit obtenir au moins 218 voix – si l’ensemble des membres de la chambre participe au vote – pour être élu.
Le match s’annonce donc serré. D’autant plus que certains républicains ont d’ores et déjà annoncé s’opposer à cette réélection. À l’instar de son prédécesseur Kevin McCarthy, destitué de façon inédite, l’élu de Louisiane est accusé de céder aux requêtes des démocrates. “Pratiquement tous mes collègues savent que Mike Johnson n’est pas apte à être speaker, mais personne ne veut dire ce qui crève les yeux”, a déclaré le représentant Thomas Massie au Cincinnati Enquirer. Une seconde opposante, Victoria Spartz, élue de l’Indiana, a, quant à elle, indiqué que son vote dépendrait de la capacité du candidat à répondre à sa liste de demandes. D’autres, comme Andy Harris du Maryland et Scott Perry de Pennsylvanie, ont refusé de donner leur position.
Dans une interview accordée à Fox Business, le candidat républicain s’est tout de même montré confiant, estimant que son élection pouvait être rapide. Et pour cause, il bénéficie d’un soutien indéfectible : celui du futur président des Etats-Unis. “Le peuple américain a besoin d’un soulagement immédiat de toutes les politiques destructrices de la dernière administration. Le président Mike Johnson est un homme bon, travailleur et religieux”, a lancé Donald Trump sur son réseau social Truth Social lundi 30 décembre, ajoutant que Mike Johnson avait son “soutien total et complet”. Réputé pour aller jusqu’au bout de ses idées, le chantre du MAGA (Make America Great Again) a même prévu d’appeler plusieurs représentants pour s’assurer de leur vote, selon trois républicains anonymes interviewés par Politico.
Le cofondateur de SpaceX Elon Musk est également de la partie. “Je pense la même chose. Vous avez mon plein soutien”, a-t-il répondu sur son réseau social X à Mike Johnson qui se félicitait du soutien de Donald Trump.
L’heure de vérité pour Donald Trump
Pour l’heure, l’incertitude plane encore. Dans le cas où l’actuel président de la Chambre des représentants ne serait pas réélu, Donald Trump essuierait un deuxième échec au Congrès. Avant Noël, le magnat de l’immobilier n’avait pas bénéficié du soutien de l’ensemble des représentants républicains, assistant au rejet de son texte budgétaire devant la chambre basse. Et ce, malgré ses innombrables tentatives de chantage. Un nouveau revers pourrait ainsi être annonciateur des difficultés que le président élu des Etats-Unis pourrait avoir à faire passer son programme au Congrès dans les premiers mois de son mandat. “Une répétition de la farce d’il y a deux ans serait une débâcle pour Trump et montrerait comment ses ambitions peuvent sombrer dans une trappe législative à tout moment”, souligne de fait CNN. Un scénario que Donald Trump souhaite éviter, à moins de trois semaines de son retour à la Maison-Blanche.
Si Mike Johnson n’atteint pas la majorité des voix exprimées ce vendredi, le scrutin se répétera dans les heures et les jours suivants. Mas l’heure tourne pour les républicains : un speaker doit obligatoirement être élu avant le 6 janvier prochain, date à laquelle le président de la chambre basse doit certifier la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2024.
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