Sans La France insoumise, restée à l’écart, les socialistes, les écologistes et les communistes ont participé dans la soirée du mercredi 8 janvier à une nouvelle réunion à Bercy, pas “conclusive” à ce stade. “Il n’y a absolument, à ce stade, rien de conclusif”, a déclaré le premier secrétaire du PS Olivier Faure au sortir de cette rencontre achevée peu après 23h00 au micro de BFMTV. “Rien n’est achevé et c’est une vraie négociation.” “On continuera à défendre nos positions, mais pour qu’il n’y ait pas de censure, ça suppose qu’il y ait une inflexion forte sur la politique qui est conduite jusqu’ici”, a-t-il ajouté. “On continuera à travailler ardemment.”
Le PCF et la délégation écologiste avaient déjà été reçus dans l’après-midi par les ministres de l’Economie Eric Lombard et des Comptes publics Amélie de Montchalin, pour une réunion dans le cadre des rencontres qu’organise Bercy avec les partis représentés au Parlement d’ici au discours de politique générale de François Bayrou le 14 janvier. Les socialistes l’avaient eux été lundi.
“Les discussions ont été limitées à des sujets peu clivants. La question centrale des retraites, de la justice fiscale et de la fonction publique ont été remises à plus tard”, a assuré à l’AFP un socialiste, mentionnant toutefois une “réunion utile et constructive” avec “les trois partis de gauche […] bien autour de la table et alignés”. Côté écologistes, on note qu'”il y a encore un sacré boulot pour ne pas aboutir à la censure”.
Les retraites au cœur des négociations
Plus tôt mercredi, la délégation communiste avait indiqué vouloir mettre “en tête de gondole” de ses demandes l’abrogation de la réforme des retraites, “en tout cas trouver le moyen de suspendre la mesure d’âge”, a expliqué le secrétaire national du PCF Fabien Roussel. “Aujourd’hui, ce n’est pas oui, ce n’est pas non, c’est en discussion”, a-t-il noté, marquant l’intention de “mettre le pied” dans “cette porte entrebâillée”.
La question des retraites et du report controversé de 62 à 64 ans de l’âge de départ est centrale pour la gauche. Lundi, après la réception de la délégation socialiste emmenée par Olivier Faure, le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner s’était félicité “d’une proposition de modification, d’évolution de la réforme de la retraite” faite par Amélie de Montchalin, mais sans préciser laquelle. Mardi, le Premier ministre avait indiqué à la numéro un de la CFDT Marylise Léon – qu’il recevait à Matignon – n’avoir “aucun tabou” sur tous les sujets liés aux retraites”, “y compris sur l’âge légal”, avait rapporté la responsable syndicale.
Les partis de gauche reçus à Bercy depuis lundi ont salué, plus ou moins explicitement, la qualité d’écoute des ministres. “En termes de méthode, il est en train de se passer des choses qui ne se sont jamais passées en France […] A circonstances exceptionnelles, solutions exceptionnelles”, a estimé Marine Tondelier.
“Forfaiture”
LFI était la grande absente de la réunion de mercredi soir. Interrogée à ce sujet, Marine Tondelier a remarqué que le président LFI de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, serait néanmoins reçu, seul, jeudi. “S’il y avait un boycott intégral et très strict comme ils savent l’organiser, il ne viendrait pas demain”, a-t-elle glissé, observant que la France insoumise avait souhaité “des rendez-vous après le débat de politique générale” : “dans la situation politique où on est, on voit que les lignes, les attitudes bougent. Tout le monde a envie de trouver des solutions”, selon elle.
Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon n’en a pas moins fustigé mercredi soir la “forfaiture” contre l’alliance du Nouveau Front populaire et la “servilité” des représentants socialistes, Ecologistes et communistes. “Cette façon de négocier dans le dos du NFP et contre son programme est une forfaiture d’un irrespect total pour notre alliance”, a-t-il écrit dans un message sur X. “La petite gauche traditionnelle n’a rien à offrir et ses négociateurs sont juste ridicules de servilité.” “Aucun accord de non censure du PS et de EELV ne nous concernera jamais”, a-t-il encore encore insisté.
Aucun accord de non censure du PS et de EELV ne nous concernera jamais. Cette façon de négocier dans le dos du NFP et contre son programme est une forfaiture d’un irrespect total pour notre alliance. Mais nous dormirons tranquilles. La petite gauche traditionnelle n’a rien à…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 8, 2025
“Si vous votez le budget vous êtes dans le soutien du gouvernement”, a fait valoir en parallèle le coordinateur de LFI Manuel Bompard. “Je commence à sentir le retour d’une détestation populaire du PS à un niveau post-Hollande. Olivier Faure a eu la chance d’avoir la Nupes, ça a permis au PS de revenir en manifestation. Attention, je les mets en garde, les sifflets pourraient revenir plus vite que prévus”, a-t-il encore glissé à quelques journalistes, en marge d’un meeting du député Louis Boyard.
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