“La Chine déclare l’état d’urgence alors que l’épidémie submerge les hôpitaux et les crématoriums”. “Cinq ans après la pandémie de Covid-19, la Chine est confrontée à une nouvelle épidémie qui se propage rapidement” peut-on lire sur des centaines de publications postées sur X depuis le début de l’année 2025, par divers comptes complotistes ou des médias douteux. Depuis une dizaine de jours, plusieurs informations font état d’un virus semblable à la grippe, nommé le MPVh, qui se propagerait à une vitesse similaire à celle du Covid-19. Mais les experts assurent pourtant que la situation n’est en rien comparable. Ce qui n’empêche pas l’emballement, cinq ans après la pandémie qui a fait selon l’OMS entre 6 et 16 millions de morts directs et indirects, et laissé des séquelles psychologiques partout à travers le globe.
China declares State of Emergency on new virus HMPV outbreak
Hyderabad: China is facing a new virus outbreak of the human metapneumovirus (HMPV) spreading rapidly, five years after the Covid-19 pandemic. HMPV is a virus that usually causes cold-like symptoms. You may cough or… pic.twitter.com/tmHJoGddA3
— Telangana Today (@TelanganaToday) January 3, 2025
Des images affolantes… datées du Covid-19
À la fin de l’année 2024, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) chinois a annoncé mettre en place “une surveillance active d’une pneumonie d’origine inconnue” dans le cadre de l’élaboration de sa stratégie générale de prévention. Un chiffre cité à ce moment-là par le CDC pourrait expliquer l’emportement médiatique autour du virus. Selon l’organisme, le MPVh est alors responsable à la fin de l’année 2024 de 6,2 % des tests positifs pour des maladies respiratoires et de 5,4 % des hospitalisations pour des affections respiratoires, surpassant le Covid-19, le rhinovirus ou l’adénovirus. “Le taux de positivité du MPVh chez les enfants de 14 ans et moins a montré une tendance à la hausse”, indique aussi le responsable de la CDC chinoise, Kan Biao, répondant à une question sur “l’entrelacement de plusieurs maladies infectieuses” depuis le début de l’hiver. Avant de préciser que “l’échelle et l’intensité de propagation des maladies respiratoires infectieuses restent inférieures à l’année dernière”.
Absolutely NOT.
We are NOT doing this again.
“China Declares State of Emergency as Epidemic Overwhelms Hospitals and Crematoriums. Multiple viruses, including Influenza A, HMPV, Mycoplasma pneumoniae, and COVID-19, are spreading rapidly across China…” pic.twitter.com/WWmks4jOpK
— Liz Churchill (@liz_churchill10) January 1, 2025
Dans les jours qui suivent, se déversent sur les réseaux sociaux des images en tout point semblables à celles, douloureuses, de la pandémie de coronavirus en Chine : des foules masquées, en panique, se pressent dans les hôpitaux, contenues par des hommes en combinaisons blanches… Et pour cause : ces images datent en réalité justement de la période du Covid-19, selon les vérifications de plusieurs services de fact-checking de médias, dont TF1 Info.
Présent depuis des décennies et contracté plusieurs fois dans une vie
En vérité, ce virus qui affole Internet est assez commun. Hormis les personnes vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées ou personnes au système immunitaire affaibli), le virus MPVh, pour “métapneumovirus humain”, provoque généralement une infection tout à fait bénigne des voies respiratoires supérieures. Il se transmet par contact direct entre personnes, ou après contact avec une surface contaminée. Au contraire du Covid-19, inconnu lorsqu’il a émergé chez l’homme, le MPVh circule depuis des décennies, ce qui implique un certain niveau d’immunité. “Quasiment chaque enfant comptera au moins une infection au MPVh avant son cinquième anniversaire”, affirme Paul Hunter, professeur de médecine à l’Université d’East Anglia, au Royaume-Uni, et de nombreuses personnes seront contaminées plusieurs fois au cours de leur vie.
Sans traitement ni vaccins, les conseils de santé publique pour le MPVh sont similaires à ceux pour la grippe, indique à l’AFP John Tregoning, professeur d’immunologie vaccinale à l’Imperial College de Londres. En cas d’infection, il faut “se reposer, boire et éviter de le transmettre à d’autres”, précise le spécialiste. “Bien ventiler les espaces, se couvrir la bouche en toussant, ou se laver les mains” limitent les risques d’infection, ajoute-t-il.
Face à la propagation de fausses informations et d’inquiétudes infondées, Kevin Griffis, porte-parole des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des Etats-Unis, a indiqué ce début d’année que l’agence surveillait la situation en Chine mais ne considérait pas l’épidémie comme inhabituelle, rapporte le journal américain le Washington post. “Il n’y a aucun risque à voyager en Chine”, a par ailleurs ajouté vendredi dernier le ministère chinois des Affaires étrangères. La porte-parole de l’OMS Margaret Harris a elle aussi cherché à rassurer : “Les niveaux signalés d’infections respiratoires en Chine restent dans un intervalle normal”, c’est-à-dire conforme à ce qui est “attendu pour une saison hivernale”, a-t-elle souligné mardi.
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