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Le D-Day, une inspiration pour la Chine ? Le nouveau projet de Pékin pour envahir Taïwan


2024 avait marqué une nette intensification de la pression mise par la Chine sur Taïwan, entre survols toujours plus nombreux de l’île par des avions militaires de l’armée de Pékin, exercices à grande échelle et déclarations menaçantes. 2025 semble déjà suivre le même chemin, à en croire les déclarations de Xi Jinping lors de ses vœux au peuple chinois pour la nouvelle année. “Les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan sont une seule famille. Personne ne peut rompre nos liens de sang et personne ne peut arrêter la tendance historique de la réunification de la mère patrie”, a-t-il de nouveau scandé à la télévision nationale.

Mais au-delà des mots, des actes et des projets témoignent de la préparation toujours plus importante de la Chine pour une telle opération. Le média spécialisé Naval News rapporte ainsi la construction de tous nouveaux navires. Et plus particulièrement de larges barges, conçues très spécialement pour un assaut amphibie de l’île voisine. A l’avant de celles-ci, on retrouverait ainsi un pont de plus de 120 mètres de long, permettant le déploiement sur le sol de chars ou de véhicules motorisés, mais aussi de troupes au sol. A l’arrière, une plateforme permet à d’autres navires d’accoster et de décharger leur contenance.

L’inspiration de ces navires semble toute trouvée : les ports Mulburry, lors du débarquement allié sur les côtes de Normandie en 1944. Ces derniers avaient permis aux Alliés de pallier la difficulté extrême de conquérir l’un des grands ports en eau profonde tenus par les forces allemandes. Le projet fut alors lancé d’assembler un port artificiel sur des plages bien moins défendues, et de l’utiliser comme zone de déchargement de matériel et de ravitaillement. Cette innovation fut notamment particulièrement réussie dans la commune normande d’Arromanches, permettant aux forces britanniques et américaines de faire débarquer en cent jours près de 2 500 000 hommes, 500 000 véhicules et 4 000 000 tonnes de matériel, soit une part non négligeable de la réussite du débarquement.

Ouvrir de nouveaux sites de débarquement

Le contexte et la portée du projet chinois n’ont évidemment rien de comparable. Mais la source d’inspiration, elle, est toute trouvée. Dans le Daily Telegraph, Lyle Goldstein, professeur à l’Institut Watson, estime qu’il y a des “preuves limpides” que la Chine a “étudié le projet Mulburry et d’autres aspects du débarquement en Normandie avec un soin considérable”. Et ce nouveau projet pourrait bien transformer la façon dont Taïwan doit défendre son sol.

Alors que jusqu’ici, le scénario le plus étudié d’une invasion de son territoire par la Chine reposait sur la prise de contrôle d’un des grands ports lourdement défendus ou d’une partie de la petite douzaine de plages propices à un large assaut venu de la mer, ces ports artificiels permettraient de démultiplier les potentiels lieux de déploiement. Ces barges, à la très large portée, rendraient ainsi possible de passer outre certains terrains peu propices au débarquement de véhicules lourds, comme des plages sableuses ou rocheuses, et de directement atteindre des routes côtières ou un sol plus ferme.

Un propos abondé par Emma Salisbury, chercheuse spécialisée dans les questions navales pour le think tank Council on Geostrategy auprès de Naval News : “Toute invasion de Taïwan à partir du continent nécessiterait un grand nombre de navires pour transporter rapidement du personnel et du matériel à travers le détroit, en particulier des moyens terrestres tels que des véhicules blindés.” Une problématique que pourrait résoudre la création de ces larges barges, qui, si établies suffisamment rapidement, pourraient vite prendre de court la défense taïwanaise et ouvrir des brèches à divers points.

“Une cible très facile”

Si ces barges pourraient élargir les possibilités stratégiques chinoises, elles ne permettent cependant pas à elles seules de transformer le rapport de force. Avec une raison assez simple : nous ne sommes plus en 1944. Pour pouvoir mener le déploiement de ces ports artificiels, la Chine devra tout d’abord établir une nette domination aérienne et maritime. Et même à ce moment, ces navires resteraient extrêmement sensibles aux tirs de missiles anti-navires ou de drones. Ces navires “ne sont pas à emmener sur un site de débarquement activement contesté, car ils seraient une cible très facile”, estime ainsi auprès du Daily Telegraph Eric Gomez, chercheur à l’Institut Cato, un groupe de réflexion sur la sécurité internationale. D’autant plus qu’on a pu le voir dans les conflits les plus récents, notamment entre l’Ukraine et la Russie en mer Noire, à quel point des armes même très peu coûteuses pouvaient faire des ravages sur des navires. Autant dire que Taïwan, lourdement équipé par les Etats-Unis, devrait a priori être en capacité de pouvoir infliger de lourdes pertes à la flotte chinoise et à ces nouvelles barges.

Mais même dans le scénario où l’armée chinoise réussirait à faire accoster certains de ses navires et à faire entrer sur l’île des blindés et des troupes au sol, le plus dur resterait encore à faire, comme le racontait L’Express en juin 2024. Les troupes de Pékin devraient ensuite progresser dans des portions montagneuses difficilement praticables, ou encore dans des zones urbaines très peuplées, rendant la progression relativement difficile. Le tout, avec la perspective d’un soutien militaire américain largement accru, alors que les Etats-Unis sont en principe engagés depuis 1979 à défendre l’intégrité de l’île. Mais là encore, comme dans de tant d’autres points de tension dans le monde, on retrouve une même incertitude : Donald Trump, et son retour à la Maison-Blanche.




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