Bruxelles attendait que le couperet tombe. Les pays européens vont être soumis à des droits de douane, “seul moyen” pour les Etats-Unis “d’être traités correctement”, a estimé, mardi 22 janvier, le président américain Donald Trump, ajoutant que les produits chinois seraient quant à eux taxés à 10 % à compter du 1er février. “L’UE est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait ils ne prennent pas grand-chose”, a tancé le président américain, qui a ajouté “donc ils sont bons pour des droits de douane”.
Présente au Forum économique de Davos (Suisse) mardi, la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, a assuré que l’Europe était prête à discuter avec le gouvernement américain, tout en rappelant que Washington était un partenaire commercial majeur. “Notre première priorité est d’entamer rapidement des discussions, sur nos intérêts communs et d’être prêts à négocier”, a-t-elle assuré, “nous serons pragmatiques mais nous resterons fermes sur nos principes : la défense de nos intérêts et le respect de nos valeurs”.
Mais elle a également tendu la main vers la Chine, rappelant que “l’Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date […] mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs.” “Le message que nous adressons au reste du monde est simple : nous sommes prêts à engager un dialogue avec vous si cela peut conduire à des avantages réciproques”, a-t-elle encore souligné, assurant vouloir “approfondir” la relation entre Bruxelles et Pékin. De quoi faire dire au site américain Politico que “l’UE n’est pas d’humeur à mendier un traitement de faveur face au programme ‘l’Amérique d’abord’ du président américain Donald Trump.” Et si les Etats-Unis ferment la porte aux Européens, Ursula Von der Leyen est disposée à renforcer d’autres collaborations avec l’Amérique du Sud, l’Afrique, la Chine ou encore l’Inde.
“De grands agresseurs”
Durant sa campagne présidentielle, Donald Trump avait déjà dénoncé le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de l’UE, comparant le bloc à “une petite Chine”, qui “profite” de la première puissance économique mondiale. “Nous avons un déficit commercial avec l’UE de 350 milliards de dollars”, a-t-il insisté mardi, “la Chine est agressive mais il n’y a pas que la Chine. D’autres pays sont aussi de grands agresseurs”. Le déficit commercial américain dans ses échanges avec l’UE s’élevait en 2023 à 131 milliards de dollars, selon les données du représentant de la Maison-Blanche pour le Commerce (USTR), et se concentre principalement sur quatre pays, l’Allemagne, la France, l’Irlande et l’Italie.
Mais les causes sont variables : le déficit commercial avec l’Allemagne est principalement de nature industrielle, alors que celui avec l’Irlande est en grande partie lié à l’installation des sièges européens des grands groupes américains sur l’île, qui y profitent de sa fiscalité très avantageuse pour réduire leurs impôts, tant dans le reste de l’Europe que vers les Etats-Unis.
L’UE “prête à défendre ses intérêts”
Avant d’être réélu, Donald Trump avait déjà menacé l’UE d’imposer des droits de douane sur les produits européens, à moins que le bloc n’augmente ses achats en pétrole et gaz américains. Le commissaire européen à l’Economie, Valdis Dombrovskis, avait assuré lundi, après l’investiture de Donald Trump, que l’UE était “prête à défendre ses intérêts économiques, comme nous l’avons déjà fait lors du premier gouvernement Trump lorsqu’il a introduit des droits de douane sur l’acier et l’aluminium”.
Le président américain avait en effet déjà imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium afin de protéger l’industrie américaine qu’il estimait être confrontée à une concurrence déloyale venant des pays asiatiques et européens. Il avait également imposé une série de produits européens durant son premier mandat, en représailles au différend commercial opposant Washington et Bruxelles quant à leurs subventions respectives envers leur constructeur aérien local, Boeing et Airbus.
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