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Etats-Unis : pourquoi le “spoil system” version Trump inquiète


“Vous êtes virés !”. Depuis le mercredi 22 janvier, les fonctionnaires américains travaillant dans les programmes de promotion de l’égalité entre les minorités sont sans emploi. Donald Trump a en effet ordonné, peu de temps après son investiture, la fermeture des bureaux dits “DEIA” (Diversité, Equité, Inclusion et Accessibilité), allant à l’encontre de son idéologie politique. Dans la foulée, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé dans un post sur le réseau social X que “tous les employés [seraient] placés en congé administratif payé avec effet immédiat”.

Comme eux, un millier de fonctionnaires embauchés par la précédente administration est sur la sellette, a annoncé publiquement le nouveau président des Etats-Unis, affichant une nouvelle fois son style brutal. Ces remplacements entre deux mandats sont courants outre-Atlantique et portent un nom : le spoil system, ou “système des dépouilles”. Mais certains observateurs craignent que, cette fois-ci, l’agressivité de Donald Trump envers la fonction publique, et sa volonté de privilégier ses fidèles, ne déstabilisent le bon fonctionnement de l’Etat.

“Pas alignés sur notre vision”

Donald Trump n’a en effet pas perdu de temps : mardi 21 janvier, soit 24 heures après son investiture, le chef d’Etat a limogé quatre hauts responsables gouvernementaux nommés par son prédécesseur et a prévenu que plus de “mille autres” risquaient d’être également renvoyés, dans un message posté sur son réseau social Truth Social. “Mon bureau du personnel présidentiel est en train d’identifier activement et de destituer plus de mille personnes nommées par la précédente administration, qui ne sont pas alignées avec notre vision pour rendre sa grandeur à l’Amérique”, a-t-il affirmé sur la plateforme.

Le républicain a désigné les quatre responsables démis de leur fonction : José Andres du Conseil présidentiel sur le sport, la forme physique et la nutrition, Mark Milley du Conseil consultatif national sur les infrastructures, Brian Hook du Centre Wilson pour les chercheurs et Keisha Lance Bottoms du Conseil présidentiel pour les exportations. Le texte se termine par la phrase “Vous êtes virés !”, l’expression emblématique de Donald Trump lorsqu’il présentait l’émission télévisée à succès The Apprentice.

L’amirale Linda Fagan, nommée par Joe Biden à la tête des Gardes-côtes américains et première femme à diriger l’une des six branches de l’armée, a par ailleurs été limogée. L’un des motifs de son renvoi aurait été que cette dernière avait tenté de mettre en place des politiques promouvant l’égalité au sein de l’armée, selon des sources proches de l’affaire.

Des changements aussi sous Biden

La pratique consistant à virer certains hauts fonctionnaires en début de mandat n’est pas nouvelle. Souvent, ces remplacements concernent plutôt des hauts postes : Joe Biden avait ainsi procédé à un mercato auprès des secrétaires de cabinet, ambassadeurs, et chefs des agences fédérales. Il avait par exemple exigé la démission du trumpiste Peter Robb, conseiller général du National Labor Relations Board (NLRB), agence fédérale chargée de faire respecter les droits du travail.

Mais certains mettent en garde contre un retour du spoil systèm, pratique formalisée il y a près de deux cents ans, par le président Andrew Jackson (1829-1837) – père du Parti démocrate, aujourd’hui controversé pour son soutien à l’esclavagisme et à la colonisation des terres des autochtones.

“Aux vainqueurs les dépouilles”

Ce dernier se méfiait en effet de “l’Etat profond”, et s’était empressé de licencier la moitié des fonctionnaires du pays, pour les remplacer par des membres de son parti après son élection. Le terme provient de l’expression “to the victor belong the spoils” (aux vainqueurs reviennent les dépouilles, ou les gains), attribuée à un sénateur américain, William L. Marcy, en 1832, pour décrire ce système.

Le problème d’une telle pratique, qui ne vise pas uniquement l’exécutif, mais s’applique y compris à des fonctionnaires lambdas, est que les personnes sont nommées sur la base de leur loyauté politique, et non de leurs compétences. “Le résultat fut [à l’époque] non seulement une administration totalement incompétente, mais aussi une corruption généralisée”, rappellent les professeurs de droit américains Sidney Shapiro et Joseph P. Tomain dans une tribune publiée sur The Conversation, critiquant la tentation d’un retour au système des dépouilles.

Une pratique controversée

Officiellement, les lois américaines sur les conflits d’intérêts et la prestation de serment du président et des membres du Congrès devraient être la garantie d’une adhésion à la défense de la Constitution, au détriment des intérêts personnels ou partisans. La grande majorité des fonctionnaires sont d’ailleurs nommés sur la base d’un concours, et sont protégés contre les licenciements abusifs, notamment politiques.

Mais des observateurs mettent en garde contre la volonté de l’équipe de Trump de contourner ces règles pour favoriser son entourage politique, particulièrement en reclassant des fonctionnaires dans des catégories plus vulnérables aux licenciements, ou en modifiant via le Congrès des lois régissant la fonction publique. De nombreuses institutions gouvernementales américaines se préparent, par ailleurs, à de grands bouleversements dans les jours et les semaines à venir, Donald Trump ayant annoncé avoir missionné son “département pour l’Efficacité gouvernementale” de réduire drastiquement les effectifs de la fonction publique.




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