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“La guerre doit continuer” : chez les ultranationalistes russes, la crainte d’un cessez-le-feu en Ukraine


Les rumeurs sur d’imminentes négociations entre la Russie et les Etats-Unis pour établir la paix en Ukraine n’inquiètent pas uniquement Kiev et les chancelleries européennes. Depuis la réélection de Donald Trump et son intronisation, ce 20 janvier, les milieux militaires et nationalistes russes s’inquiètent d’un possible gel du conflit, contrairement à 60 % de la population russe, qui serait favorable à un accord de paix après près de trois ans de guerre, selon un sondage de Russian Field.

Si le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche a été accueilli avec circonspection en Russie, en décembre dernier, l’administration présidentielle russe préparait déjà l’opinion publique à la fin de la guerre en façonnant l’image d’un pays victorieux, selon le journal proche du pouvoir Kommersant.

Trump, pas un “cadeau” mais une “menace pour la Russie”

Mais les “correspondants de guerre”, ces blogueurs sur Telegram devenus d’influents propagandistes du Kremlin, tout en étant critiques sur la stratégie du commandement russe, déplorent de possibles accords de paix.

Ainsi, pour le blogueur militaire Alexandre Kots, très suivi, la Russie doit absolument refuser tout “ultimatum” qui serait imposé par les Etats-Unis, car le président Trump ne donnerait selon lui pas de “garanties de sécurité” suffisantes à Moscou. “S’attendre à des cadeaux de la part de Trump après son investiture est pour le moins irrationnel”, renchérit la chaîne Rybar, réputée proche du ministère de la Défense russe.

“Avant même d’entrer officiellement en fonction, le nouveau président américain a déjà annoncé au monde entier sa volonté d’annexer le Groenland, et par la même occasion le Canada […] ! Tout le monde comprend bien la menace que cela représente pour la Russie, alerte de son côté la chaîne “Zone de Sécurité – Projet Angel”.

“Signer la paix à nos conditions”

“Notre position est que la guerre doit continuer jusqu’à la victoire totale”, proclame pour sa part la chaîne ultranationaliste Roussitch. Car bien qu’occupant 20 % du territoire ukrainien, les Russes n’ont pas pris possession de la totalité des quatre républiques que Moscou a déclarées indépendantes, à l’exception de Louhansk. “Pouvoir signer la paix à nos conditions semble douteux”, estime le radical Igor Guirkine, en référence aux objectifs de démilitarisation de l’Ukraine et de capitulation du régime de Kiev pour Moscou. Ce dernier, connu sous le pseudonyme “Strelkov”, a été condamné à purger quatre ans de prison pour ses vives critiques sur le commandement militaire russe en 2023. La situation dans la région de Koursk, au sud-ouest de la Russie, qui a été envahie l’été dernier par les forces armées de Kiev, dont une partie reste solidement occupée depuis, ne mettrait pas non plus la Russie en position de force pour négocier.

En première ligne du conflit, les militaires sont parfaitement conscients du nombre d’hommes qui ont péri. “La paix ? Maintenant ? Wagner [NDLR : le groupe de mercenaires privés qui avait été déployé en Ukraine] se retournerait dans sa tombe ! Il est évident que nous devons tout conquérir – jusqu’à Odessa et Kharkiv”, a déclaré un gradé de l’armée russe au média indépendant Verstka. D’autres témoignages jugent également que des négociations seraient une insulte pour les milliers de Russes morts dans cette guerre, un nombre estimé à 90 000 selon un décompte de la BBC et du média russe Mediazona en janvier 2025. Ce lourd bilan humain entraîne des réflexions désabusées sur l’état de la société russe d’après-guerre, avec des “avantages et les paiements aux anciens combattants tout simplement ridicules” et des “frustrations” immenses dans la société.

Les craintes d’une armée désertée

Mais beaucoup craignent surtout qu’un gel du conflit vide les rangs de l’armée russe. “Si nous arrêtons ‘l’opération militaire spéciale’ dans les positions actuelles, alors un autre problématique surgira : la pénurie générale de personnel formé, déjà perceptible, s’aggravera”, relate la chaîne Rousstich. “En gelant le conflit, nous perdrons notre armée, et en cas de [future] guerre, nous ne pourrons pas survivre”, explique la chaîne Roman Alekhin, aux 200 000 abonnés.

Si un cessez-le-feu est signé, les comptes proches des milieux militaires n’imaginent pas que l’accord soit durable, anticipant que la Russie sera “trompée” en premier. “Les Khokols [NDLR : nom insultant donné aux Ukrainiens par les Russes] ne reconnaissent pas les territoires [conquis par la Russie]. Il y aura des provocations constantes de leur part, des bombardements, des sabotages, des attaques terroristes. […] L’ennemi ne démantèlera jamais complètement son armée”, anticipe la chaîne “Bientôt à la maison”. Pour cette communauté de radicaux de “l’opération militaire spéciale”, les négociations n’annoncent rien de bon. Simplement une “illusion de paix”.




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