De nombreuses pathologies en rapport avec leur ingestion. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) alerte une nouvelle fois sur les risques liés à la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT). L’instance, qui n’en est pas à son premier signalement sur le sujet, s’est cette fois appuyée sur la classification Nova, établie par des chercheurs brésiliens.
Comme l’explique l’Anses dans une synthèse de recherche publiée sur son site internet ce jeudi 30 janvier, ce cadre caractérise les aliments ultra-transformés par plusieurs propriétés. Les “procédés de transformation et l’ajout d’additifs dits cosmétiques” (conservateurs, colorants…) ou de “substances rarement utilisées lors de la préparation des repas à domicile” sont les critères qui permettent de qualifier le degré de transformation d’un produit sur cette échelle de classification.
Obésité, diabète, cancer du sein, maladies cardiovasculaires…
L’agence française explique avoir choisi d’utiliser le cadre de la classification Nova par manque d’une “définition consensuelle” du concept d’aliment ultra-transformé au sein de la communauté scientifique. Pour mener une analyse la plus complète possible, elle a donc décidé de mener “une revue systématique des études scientifiques publiées sur ce sujet”. Ainsi, au terme de ses recherches, l’Anses a pu établir quelques conclusions, “avec un poids des preuves” qui demeure toutefois “faible”.
La consommation d’aliments ultra-transformés est donc “associée à un risque plus élevé de mortalité et de maladies chroniques comme le diabète de type 2, le surpoids, l’obésité, les maladies cardioneurovasculaires, le cancer du sein et le cancer colorectal”. Cela fait plusieurs années que les chercheurs alertent sur les conséquences néfastes des propriétés des produits de cette catégorie. Céréales pour le petit-déjeuner, plats préparés, brioches industrielles… La problématique concerne une palette très large de denrées alimentaires. L’Express avait d’ailleurs consacré tout un dossier à cet enjeu sanitaire il y a plus d’un an, à retrouver juste ici.
Avec cette nouvelle analyse, l’Anses formule aussi deux nouvelles hypothèses pour “expliquer le potentiel lien entre la consommation d’aliments dits ultra-transformés et la santé”. D’une part, elle suggère que les “circonstances de la consommation” de ces produits, souvent ingurgités de manière rapide, dans les transports ou devant un écran, peuvent jouer un rôle dans la “prise alimentaire excessive” par certains habitués de ce type de nourriture. “L’ajout d’additifs” dans ces aliments, visant à les rendre “pratiques et appétissants”, pourrait aussi favoriser une surconsommation de produits déjà défavorables à la santé.
Autre thèse mise en avant par cette étude : la création de nouvelles substances, qualifiées de “néoformées”, lors des processus de transformation de ces produits. “Or certaines sont potentiellement nocives et peuvent être à l’origine d’interactions”, pointe l’Anses. L’agence incite à mener des recherches plus détaillées sur la question des aliments ultra-transformés et ses deux hypothèses pour “mieux caractériser le lien entre procédés de transformation et effets sanitaires, et d’orienter les politiques publiques en matière d’alimentation et de nutrition”.
Plusieurs précédentes alertes
Certains rapports ont déjà été conduits sur des aspects plus précis des risques liés à l’ajout d’additifs dans les aliments vendus en supermarché. Plusieurs centres de recherche français, dont l’Inserm et l’Inrae, ont ainsi communiqué ces dernières années des résultats inquiétants au sujet des dangers inhérents à la présence d’émulsifiants dans des sauces, des biscuits ou autres matières grasses industrielles.
Dès 2023, en se basant sur les données transmises par plus de 90 000 personnes, les chercheurs avaient souligné un rapport entre une importante consommation de produits contenant ce genre de substance et une plus forte probabilité de contracter une maladie cardiovasculaire ou coronarienne. Quelques mois plus tard, le rôle des émulsifiants dans la facilitation du développement de cancers avait également été pointé du doigt. Des conclusions qui restent toutefois toujours à étayer à travers d’autres futures études “épidémiologiques et expérimentales”, avaient-ils précisé.
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