La course est lancée ! Depuis le 1er janvier 2025, date à laquelle l’œuvre de Colette est entrée dans le domaine public, soit soixante-dix ans après la mort de la “bonne dame du Palais Royal” (1873-1954), les éditeurs de poche publient à tout-va les romans de Sidonie-Gabrielle Colette. C’est que, après avoir été malmenée par le Nouveau Roman et connu le “purgatoire” durant quelques décennies jusqu’à la publication de son œuvre dans la Pléiade en 1984, la modernité de “la femme la plus libre du monde”, selon Pierre Mac Orlan, s’est imposée. Mais c’est aussi parce que Sido et Les Vrilles de la vigne sont inscrits au programme du bac de français, tandis que Claudine à l’école, Le Blé en herbe, Chéri ou encore La Maison de Claudine sont souvent évoqués en classe. On ne s’étonnera donc pas de voir ces derniers titres publiés en premier par les différents éditeurs, emboîtant en cela le pas au Livre de poche, maison du groupe Hachette qui a acquis en 1966 le fonds de Ferenczi, éditeur historique de La Maison de Claudine (1922) et de Sido (1930).
Rappelons à ce propos que Colette, tout en ayant été une vraie vagabonde éditoriale – elle a publié chez Ollendorff, au Mercure de France, chez Fayard ou encore chez Flammarion – s’est beaucoup appuyée, entre 1920 et 1930, sur Henri Ferenczi, spécialisé dans la littérature populaire et de ce fait pouvant toucher un large public. “En outre, ce dernier cédait à tous ses caprices, comme lui verser systématiquement des avances sur un premier tirage de 40 000 exemplaires”, nous confie Frédéric Maget, le président de la Société des amis de Colette et directeur de la Maison de Colette.
Ainsi, dès le 2 janvier, Folio classique a publié un ensemble Chéri et La Fin de Chéri (592 p, 6,50 euros) et un autre, comprenant La Maison de Claudine, La Naissance du jour et Sido (528 p, 6,50 euros), avec préface, chronologie et notes de Martine Reid et Corentin Zurlo-Truche. Pour sa part, J’ai lu édite sous d’élégantes couvertures la plupart de ces romans en six volumes séparés (Chéri, La Chatte, La Maison de Claudine, La Vagabonde, Sido…) à 3 euros chaque. Prix modeste également avec Archipoche, filiale d’Editis, qui publie, sans autre appareil critique qu’une préface de Katherine Pancol, quatre recueils de plus de 600 pages à 10,95 euros. chacun, dont un regroupant Claudine en ménage, Claudine s’en va et La Maison de Claudine. Une agrégation qui a le don de hérisser Frédéric Maget, le président de la Société des amis de Colette, qui nous rappelle que ce dernier livre n’a rien à voir avec la série des Claudine, si ce n’est le nom de Claudine dans le titre.
Reste que ce grand spécialiste se réjouit de ce regain d’intérêt pour la Bourguignonne, enfin reconnue comme une grande écrivaine, et espère voir fleurir très vite l’édition de certains textes épuisés tel L’Envers du music-hall. En attendant l’exposition que lui consacrera la Bibliothèque nationale de France au 2e semestre 2025.
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