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Conférence de Munich : le “Davos de la défense”, événement crucial pour l’avenir de l’Ukraine ?


C’est un événement qui ne pouvait pas tomber à un moment plus critique. La Conférence de Munich sur la Sécurité (MSC) s’ouvre ce vendredi 14 février en Allemagne. Surnommé le “Davos de la défense”, ce grand rendez-vous annuel du gotha international de la diplomatie devrait cette année être largement centré autour de la guerre en Ukraine. Les déclarations fracassantes cette semaine de Donald Trump, qui s’est entretenu au téléphone avec Vladimir Poutine et souhaite mettre un terme au plus vite au conflit – quitte à sacrifier nombre des revendications de Kiev -, plongent en effet l’Ukraine dans un grand flou.

Entre représentants américains venus en nombre, dirigeants ukrainiens chargés de défendre leur position et responsables européens cherchant désespérément à faire entendre leur voix, L’Express fait le point sur ce qu’il faut attendre de ces trois jours de ce sommet.

Les Etats-Unis en contrôle

Ils viennent en nombre, comme un signe de leur volonté de montrer qui contrôle la situation. De nombreux membres de la nouvelle administration américaine se déplacent à Munich ce week-end. A commencer par le vice-président américain J.D. Vance, qui sera accompagné par le chef de la diplomatie Marco Rubio, mais également l’envoyé américain de la Maison-Blanche pour l’Ukraine, Keith Kellogg.

Lui-même ouvertement hostile au soutien américain à l’Ukraine, J.D. Vance a tenu à tempérer la position américaine après le coup de tonnerre déclenché par Donald Trump et son appel avec Vladimir Poutine. Dans une interview au Wall Street Journal, le vice-président américain JD Vance a assuré que les Etats-Unis auraient “à cœur l’indépendance souveraine de l’Ukraine” dans les négociations à venir, et que “tout sera [it] sur la table”, y compris “les moyens de pression militaire” sur la Russie. Ce vendredi, il a également assuré que l’Europe devrait “bien sûr” être associée à toute négociation de paix sur l’Ukraine. Mais le projet devrait rester sensiblement le même : faire advenir un accord de paix au plus vite entre Kiev et Moscou, quitte à réhabiliter la Russie sur la scène internationale.

J.D. Vance doit prononcer ce vendredi en début d’après-midi un discours très attendu. Il pourrait annoncer “qu’une grande partie des troupes américaines seront retirées d’Europe”, a avancé ce vendredi auprès de l’AFP le diplomate allemand Christoph Heusgen, qui préside la MSC.

L’Ukraine et la peur du vide

La séquence aurait pu être positive pour l’Ukraine. Volodymyr Zelensky est attendu ce vendredi à Munich, où une rencontre est prévue depuis plusieurs semaines avec le vice-président américain. L’occasion pour le chef d’Etat ukrainien de motiver les Etats-Unis à ne pas abandonner leur soutien à l’Ukraine, et à les soutenir dans d’éventuels pourparlers de paix.

Sauf que les déclarations fracassantes de Donald Trump sont depuis passées par là, faisant craindre à Kiev des négociations directes entre Moscou et Washington, sans réelle consultation de l’Ukraine. Après cette onde de choc, le camp ukrainien joue donc son va-tout. Kiev a réclamé une “paix juste” et des garanties de sécurité de la part des Européens et des Américains, notamment l’envoi de troupes pour garantir la paix. Volodymyr Zelensky exige également que les Etats-Unis, qui ont été le principal soutien militaire de son pays depuis le début de la guerre, discutent d’abord avec l’Ukraine.

“Et ce n’est qu’après ces réunions, après l’élaboration d’un plan pour arrêter Poutine, qu’il sera juste de parler aux Russes”, a déclaré le président ukrainien ce jeudi. “Gardez la tête froide et ne vous laissez pas influencer par les émotions. Les intérêts de l’Ukraine sont prioritaires et le resteront”, a dit sur Telegram le chef du bureau présidentiel ukrainien Andriy Yermak.

L’Europe, pour tenter de peser

Les représentants européens seront également présents en nombre à Munich ce week-end. On retrouvera notamment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Antonio Costa, ou encore la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. Alors qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 est prévue en marge de la conférence à Munich ce samedi, les chefs de la diplomatie française, allemande, italienne ainsi que britannique devraient donc en principe se trouver en Allemagne.

Être présent est une chose ; peser sur les tractations qui se trament en ce moment autour de l’Ukraine en est une autre. C’est là tout le défi pour l’Europe, mise à l’écart par Donald Trump dans le face-à-face qu’il souhaite instaurer avec Vladimir Poutine. La France a notamment exprimé sa crainte que la nouvelle administration américaine “cède tout” à la Russie, et Emmanuel Macron a affirmé dans une interview au Financial Times qu'”une paix qui soit une capitulation” serait “une mauvaise nouvelle pour tout le monde”. La cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas a même fait le parallèle entre la crise actuelle et 1938, quand les accords de Munich avaient abouti à l’annexion d’une partie de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne hitlérienne.

Un symbole est particulièrement révélateur du peu de considération américaine envers les leaders européens : l’absence de rencontre entre Olaf Scholz et J.D. Vance. Les deux hommes seront pourtant bien à Munich ce week-end. Mais selon Politico, le vice-président américain aurait snobé le chef d’Etat allemand : “Nous n’avons pas besoin de le voir, il ne restera pas longtemps chancelier”, a résumé son équipe auprès de Politico. Un camouflet pour le chancelier allemand, il est vrai en ballottage très défavorable dans les sondages pour les élections législatives du 23 février prochain, mais qui reste toujours pour l’instant la voix de l’Allemagne sur la scène internationale. En revanche, J.D. Vance devrait s’entretenir avec le favori pour succéder à Olaf Scholz dans les prochaines semaines, le conservateur Friedrich Merz. Qui passe là son premier grand test diplomatique, lui qui a toujours défendu ardemment le soutien militaire à l’Ukraine.

La Russie écartée (pour l’instant)

C’était l’annonce surprise de Donald Trump ce jeudi : la tenue d’une réunion ce vendredi à Munich avec des représentants russes. “La Russie y sera avec des gens de chez nous. L’Ukraine est d’ailleurs aussi invitée. Je ne sais pas exactement qui représentera chaque pays, mais ce seront de hauts responsables de Russie, d’Ukraine et des Etats-Unis”, a déclaré le président américain aux journalistes dans le Bureau ovale.

Cette annonce, que la Maison-Blanche n’a pas confirmé lorsque contactée par l’AFP, a été très vite démentie par les organisateurs de la MSC, qui ont assuré ne pas avoir “accrédité de représentants du gouvernement russe”. “Des discussions avec les Russes ne sont pas envisagées”, a de son côté précisé Kiev.

Et c’est finalement la Russie elle-même qui a affirmé qu’elle n’aurait pas de représentants en Allemagne. “Les représentants russes ne sont pas invités à la Conférence de Munich […] C’est une décision prise il y a déjà plusieurs années […] Donc il n’y aura pas de représentants du ministère russe des Affaires étrangères, ni d’autres structures officielles russes”, a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Reste à savoir si Donald Trump avait simplement parlé trop vite, ou s’il faut y voir le symbole de sa volonté d’imposer la Russie là où elle a été ostracisée ces dernières années.




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