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Industrie : Fos-sur-Mer face à l’immense chantier de la décarbonation


Voilà une décennie, la France s’engageait à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. A commencer par celle des industries qui doivent faire baisser drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Transports, énergie, BTP, sites industriels à l’instar du bassin de Fos-sur-Mer : largement aidés par l’État, tous les grands secteurs de l’économie se sont lancés dans la bataille et la marche en avant semble irréversible dans notre pays. Un volontarisme qui contraste avec ce que l’on observe à l’étranger. Aux Etats-Unis, Donald Trump a regagné la Maison-Blanche et sort des accords de Paris. En Chine, les émissions de GES repartent à la hausse. Même l’Union européenne s’apprête à alléger son Pacte Vert, pourtant adopté en 2019. Autant dire que le mouvement général se ralentit et inquiète.

Leur usine n’a pas encore de client mais sa construction est quasiment actée. Porté par Elyse Energy, NeoCarb, offrira à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) sa première plateforme de production de carburants durables. “Cet outil va contribuer à décarboner localement le transport maritime et aéronautique, explique Jérôme Giraud, directeur territorial délégué de la jeune société, spécialiste des molécules bas-carbone. C’est une tendance de fond qui emporte notre confiance.” Et pas que la leur puisque Elyse Energy vient de lever 120 millions d’euros pour affiner son projet.

Le projet (1,5 milliard d’euros) est ambitieux : il prévoit l’implantation d’une puissante électrolyse capable de produire 40 000 tonnes d’hydrogène par an. Ce primaire mélangé à du carbone tiré des industries du territoire servira à fabriquer environ 200 000 tonnes d’e-méthanol. Une partie couvrira les besoins locaux d’une dizaine de ferries pour les manœuvres d’entrées et de sorties de ports. Le reste sera raffiné afin de produire du carburant d’aviation de synthèse. “Suffisamment pour répondre aux besoins locaux contraints par la réglementation d’ici à 2030”, a calculé l’entreprise.

Diviser par deux les émissions de GES en dix ans

NeoCarb apparaît comme la dernière annonce d’investissement à venir sur l’une des plus grandes zones industrielles du pays (10 000 hectares, plus de 40 000 emplois), mais elle n’est pas la seule. Lauréate, avec Dunkerque, de l’appel à projet “zones industrielles bas carbone” lancé par France 2030, Fos-sur-Mer ambitionne de diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre dans les dix ans à venir. Avec, durant cette période, pas moins de 15 milliards d’euros d’engagements verts. ArcelorMittal a donné le la de cette course de longue haleine après avoir été condamné fin 2018, pour “mise en danger de la vie d’autrui” en raison de la présence de poussières dangereuses dans l’installation.

Le sidérurgiste, qui représente à lui seul 21 % des émissions industrielles de dioxyde de carbone (CO2) locales, a ainsi prévu de dépenser 1,7 milliard d’euros en France pour réduire ses rejets d’un tiers d’ici à 2030. A Fos-sur-Mer, son plan “acier vert” s’accompagne de la mise en service depuis septembre dernier d’un nouveau four pour substituer le minerai de fer primaire par de l’acier recyclé avec un objectif de réduction de 10 % des émissions de CO2 en 2025. “Ce chantier sera complété par l’implantation d’un four à arc électrique permettant la fusion de l’acier provenant des filières de recyclage”, explique le directeur du site, Bruno Ribo.

D’autres industriels lui emboîtent le pas. Le consortium GravitHy, porté par la société d’investissement néerlandaise EIT InnoEnergy, figure parmi les plus prometteurs. Pour un montant de 2,2 milliards d’euros, il projette la construction à Fos de la première usine française de production par hydrogène de fer métallique bas carbone, un produit semi-fini sous forme de briquettes destinée au verdissement des aciéristes. “L’installation évitera le double d’émissions de CO2 chaque année”, selon son président José Noldin.

Une zone qui concentre le tiers des activités les plus polluantes de l’Hexagone

Il y a urgence. Rebaptisé “Fossuaire” par nombre d’habitants, Fos-sur-Mer fait l’objet de nombreuses alertes sanitaires. Pas moins de 400 installations industrielles opèrent sur cette zone qui concentre le tiers des activités les plus polluantes de l’Hexagone avec des émissions records de 20 millions de tonnes de CO2 par an. Parmi elles, 58 sont classées Seveso, dont 39 présentent un “risque industriel majeur” pour l’environnement, selon le référencement de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Paca.

Avec des conséquences médicales dramatiques : 63 % de la population de la région est victime d’au moins une maladie chronique telle qu’allergies respiratoires, maladies auto-immunes ou endocriniennes, atteintes cardiovasculaires… contre 36,6 % dans le reste du pays.




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