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Envoi de troupes en Ukraine : Royaume-Uni, Allemagne… Qui dit quoi ?


Des pays européens vont-ils déployer des troupes en Ukraine ? Le sujet sensible revient régulièrement dans les débats. Il a sûrement alimenté les discussions à Paris ce lundi après-midi, à l’occasion d’une réunion informelle sur l’Ukraine et la sécurité en Europe présidée par Emmanuel Macron. Une dizaine de dirigeants de pays européens, de l’UE et le chef de l’Otan sont présents à l’Elysée pour cette réunion d’urgence alors que Donald Trump entend négocier directement avec Vladimir Poutine la paix en Ukraine.

La veille, Keir Starmer a lancé les hostilités sur le déploiement des troupes. Le Premier ministre britannique s’est dit prêt à envoyer des soldats en Ukraine si cela s’avérait nécessaire pour assurer la sécurité de la Grande-Bretagne et de l’Europe. Le Royaume-Uni joue un rôle de premier plan en soutenant Kiev dans la guerre contre la Russie, ce qui “signifie également que nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire”, a écrit dimanche Keir Starmer dans le quotidien Daily Telegraph.

“Je ne dis pas cela à la légère”, a ajouté Keir Starmer. Le Premier ministre a affirmé mesurer “la responsabilité qu’implique le fait de mettre potentiellement en danger” les hommes et femmes de l’armée britannique. Mais “aider à garantir la sécurité de l’Ukraine, c’est aider à garantir la sécurité de notre continent et la sécurité du pays”, a-t-il expliqué.

Des discussions “prématurées” pour Berlin

Londres paraît pour le moment isolé sur cette question. Le Premier ministre polonais Donald Tusk, un fort soutien de Kiev, a assuré ce lundi avant son départ pour Paris que la Pologne n’enverrait pas de militaires en Ukraine. L’Allemagne a pour sa part dit ce lundi juger “prématurées” les discussions sur l’envoi d’éventuelles troupes en Ukraine. Il s’agit aussi “d’éviter que la guerre n’éclate à nouveau dans quelques années”, souligne une source gouvernementale allemande auprès de l’AFP, indiquant que le maintien d’une paix durable serait une “tâche transatlantique”. “Nous ne participerons pas à des scénarios dans lesquels la sécurité européenne et américaine se dissocierait, par exemple si des soldats européens étaient déployés sans engagement total des Etats-Unis”, a précisé la même source.

“Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises sur le fait que nous devions d’abord attendre de voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine”, a déclaré Christiane Hoffmann, une porte-parole du gouvernement allemand lors d’une conférence de presse régulière. “Ensuite, nous pourrons discuter des conditions et de la manière dont cela peut être organisé”, a-t-elle ajouté. Mais Berlin juge donc les discussions “à ce stade encore prématurées”.

Comme l’Allemagne, l’Espagne a estimé ce lundi qu’il était “trop tôt pour le moment” de discuter de l’envoi de ses troupes en Ukraine. “Il n’y a pas de paix actuellement” et l’objectif de la diplomatie “doit être d’y parvenir dès que possible”, a déclaré lors d’une conférence de presse le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares. “Quand nous aurons la paix, alors il faudra voir quelles conditions elle exige. Quand on parle de déploiement de forces armées, il faut voir quelle est leur mission, qui peut la constituer, sous quel drapeau, avec quel mandat”, a-t-il ajouté à l’issue d’une rencontre avec son homologue brésilien Mauro Vieira.

En Norvège, le Premier ministre Jonas Gahr Støre a également jugé que “le moment n'(était) pas venu” pour discuter de l’envoi de soldats norvégiens en Ukraine. “Ce n’est pas encore le moment de tirer des conclusions sur la manière dont une garantie de sécurité devrait être formulée et sur le type de contribution à y apporter”, a-t-il insisté au micro de la radio NRK.

“Nous devons d’abord négocier une paix juste et durable”

De son côté, la Suède “n’exclut pas” l’envoi de soldats de maintien de la paix en Ukraine, a indiqué ce lundi sa ministre des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard. Mais la Suède veut également mettre la priorité sur les pourparlers de paix. “Nous devons d’abord négocier maintenant une paix juste et durable qui respecte le droit international […] Quand nous aurons cette paix installée, il faudra la maintenir et pour cela, notre gouvernement n’exclut rien”, a déclaré Maria Malmer Stenergard à la radio publique Sveriges Radio.

La rencontre organisée ce lundi à Paris intervient à un moment particulièrement délicat alors que les initiatives de Donald Trump, qui a repris langue avec le président russe Vladimir Poutine, inquiètent les Européens. Le président américain a annoncé récemment qu’il rencontrerait son homologue russe en Arabie saoudite pour engager des négociations sur l’Ukraine, où la guerre déclenchée par l’invasion russe entrera le 24 février dans sa quatrième année.

Juste avant le début de ces entretiens, ce lundi, Emmanuel Macron s’est entretenu au téléphone avec Donald Trump. Cette réunion se tient au lendemain de la conférence sur la Sécurité à Munich, où le discours très offensif du vice-président américain J.D. Vance a provoqué un choc auprès des pays européens. Ceux-ci redoutent en effet d’être exclus des négociations sur l’Ukraine.




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