Un avion transportant l’émissaire américain Steve Witkoff s’est posé ce jeudi 13 mars en milieu de journée à Moscou. Steve Witkoff, émissaire de confiance de Donald Trump pour les dossiers internationaux les plus délicats, a été chargé de demander à la Russie d’accepter le projet de cessez-le-feu de trente jours négocié par les Américains avec les Ukrainiens. L’homme de 67 ans, magnat de l’immobilier et proche de Donald Trump, n’avait aucune expérience diplomatique avant d’être désigné par ce dernier émissaire pour le Moyen-Orient dès le 12 novembre, soit quelques jours seulement après l’élection présidentielle.
Magnat de l’immobilier et grand ami de Trump
Né le 15 mars 1957 dans le Bronx d’un père fabricant de manteaux et d’une mère institutrice, de confession juive, Steve Witkoff a obtenu un diplôme en sciences politiques avant de poursuivre ses études de droit. Il a ensuite fait fortune dans l’immobilier, d’abord comme avocat d’affaires puis à la tête de sociétés immobilières. Il a fondé en 1997 “Witkoff Group”, une société de conseil en immobilier à New York, qui se décrit comme étant “à la fois développeur, investisseur et paysagiste” et possède un portefeuille de projets de luxe concentrés à Manhattan, selon la presse américaine. Le magazine Forbes estime sa fortune à “au moins un milliard de dollars”, ce qui fait de lui un membre “de la demi-douzaine de milliardaires que compte le second gouvernement Trump”.
Donateur de plus de 2 millions de dollars lors de sa campagne, Steve Witkoff est un ami de longue date du président Donald Trump, qui le décrit comme un “négociateur génial”, selon le Washington Post. Les deux hommes se sont rencontrés dans les années 90, et sont restés amis depuis, se retrouvant sur les cours de golf. Steve Witkoff a témoigné dans le cadre du procès civil pour fraude de Donald Trump en novembre 2023 ; c’est aussi lui qui a présenté le président lors de sa fête d’investiture le 20 janvier.
Emissaire pour le Moyen-Orient
Avant sa nomination, le New York Times rappelait que Steve Witkoff faisait face à de potentiels conflits d’intérêt au Moyen-Orient, ayant fait affaire par le passé avec des fonds souverains du Qatar et des Emirats arabes Unis. En tant qu’émissaire américain, Steve Witkoff a joué, de l’aveu même de responsables de l’administration Biden, un rôle clé dans les négociations du cessez-le-feu dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas, entré en vigueur le 19 janvier.
Fin janvier, rapporte le Washington Post qui s’appuie sur des médias israéliens, Steve Witkoff s’est ainsi rendu en Arabie saoudite pour travailler sur un “vaste accord pour le Moyen-Orient”, incluant la reconstruction de Gaza et la normalisation des liens entre Israël et l’Arabie saoudite. Il s’est au passage rendu à Gaza, la première visite d’un responsable américain dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre. S’il a constaté sa destruction, il a également soutenu le plan de Donald Trump de transformer Gaza en “Riviera du Moyen-Orient”.
En première ligne sur le conflit russo-ukrainien
Son portefeuille s’est depuis vu petit à petit élargi à la Russie, bien que l’envoyé de Donald Trump pour la Russie et l’Ukraine soit censé être Keith Kellogg. Steve Witkoff devrait ainsi rencontrer cette semaine Vladimir Poutine pour la deuxième fois depuis le début de l’année, après une entrevue en février lorsqu’il avait négocié la libération d’un Américain détenu en Russie, Marc Fogel. Il déclarait alors à Fox News que son objectif était “ce que le président nous a demandé de faire : négocier une fin appropriée à cette guerre. Il n’y a plus de morts, il y en a déjà eu trop”.
La chaîne américaine CNN souligne que Steve Witkoff a accompagné le secrétaire d’État Marco Rubio et Mike Waltz, conseiller de Donald Trump en matière de sécurité nationale, lors d’une réunion avec Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, en Arabie saoudite fin février, tandis que Keith Kellogg était absent. Selon les sources de CNN, ce dernier aurait été écarté “en raison de ses positions plus radicales à l’égard de la Russie”, et parce que “les Russes ont indiqué qu’ils préféraient négocier avec Steve Witkoff plutôt qu’avec Keith Kellogg”, ce que la Maison-Blanche a réfuté.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà nommé un autre néophyte, Jared Kushner, son gendre, au même poste.
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