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Croissance : cette nouvelle prévision de la Banque de France qui contrarie Bercy


Une nouvelle révision semblait inévitable. En septembre dernier, la Banque de France avait maintenu sa prévision de 1,2 % de croissance, en dépit des perturbations nées de la dissolution, avant de la revoir en décembre, à 0,9 %. Ce jeudi, le gouverneur François Villeroy de Galhau a annoncé l’abaisser encore à 0,7 %. Une bien mauvaise nouvelle pour Eric Lombard et ses équipes. Car pour calibrer le budget, adopté dans la douleur en février, le ministre de l’Economie s’est appuyé sur les chiffres de l’institution. Évitant ainsi tout excès d’optimisme, souvent reproché à Bercy sous l’ère Bruno Le Maire.

Bien que raisonnable sur le papier, ce choix se heurte déjà à une nouvelle réalité pour la France et l’Europe. En l’espace de quelques mois, la face du monde a radicalement changé. De retour au pouvoir aux Etats-Unis, Donald Trump a bouleversé les équilibres géopolitiques et économiques. Droits de douane, désengagement vis-à-vis de l’Ukraine… Le président américain ne ménage personne. Et plonge tout le monde dans l’incertitude. Le terme choisi par la Banque de France pour justifier sa correction et derrière lequel bon nombre d’observateurs et experts, frappés de myopie, se rangent.

La défense, nouvel élément à prendre en compte

En attendant, cette croissance moindre est synonyme de rentrées fiscales plus maigres que prévu. Dans ces conditions, difficile d’imaginer comment le déficit public pourrait atteindre la cible de 5,4 % du PIB en 2025 fixée dans le projet de loi de finances – contre les plus de 6 % attendus en 2024. Un objectif qui semblait déjà compromis, avant même la mise à jour de la Banque de France.

D’autant qu’il faut désormais prendre en compte les velléités européennes en matière de défense. Emmanuel Macron entend, comme ses homologues européens, augmenter sensiblement les dépenses militaires pour qu’elles atteignent 3 % du PIB – contre moins de 2 % actuellement. Le montant à dégager avoisinerait les 30 milliards d’euros, soit autant que l’effort d’économies prévu dans le budget 2025… Certes la France devrait bénéficier en partie du plan de réarmement de l’Europe et ses 800 milliards d’euros, concocté par Ursula von der Leyen. Mais ce que touchera Paris dans ce cadre ne suffira pas à couvrir l’effort envisagé.

Peu de moyens

La piste d’une hausse d’impôts a d’emblée été écartée. Reste celles de la baisse des dépenses publiques et de l’amélioration de leur efficacité. Un doux rêve, tant on sait que les gouvernements successifs ne sont jamais parvenus à s’y attaquer. Sans oublier qu’au niveau politique, la France en est toujours au même point, freinée par un Parlement fortement fragmenté. Peut-être encore plus sur les questions de défense.

L’abstention du Rassemblement national et l’opposition de la France insoumise et du Parti communiste lors du vote d’une résolution de soutien à l’Ukraine à l’Assemblée nationale mercredi 12 mars l’ont encore montré. Au début du mois, Eric Lombard, mis au parfum par la Banque de France de sa future actualisation, avait commencé à désamorcer l’annonce, affirmant : “Nous nous adapterons si nécessaire”. Les marchés seront en tout cas extrêmement attentifs à l’évolution des prévisions de déficit du gouvernement. Les taux auxquels empruntent les pays européens ont déjà commencé à monter. Dans ce contexte, le verdict de l’agence de notation Fitch vendredi 14 mars, qui risque de dégrader la note de la France, est très attendu. Et pourrait de changer la donne financière.




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