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Face à la menace d’inéligibilité, la stratégie de Marine Le Pen pour faire diversion


Méfiez-vous de l’eau qui dort. C’est le conseil qu’a récemment donné un proche à Emmanuel Macron. La rivière s’appelle Marine Le Pen. Depuis quelques temps, ce fidèle du président de la République s’inquiète du comportement de la patronne du groupe RN à l’Assemblée. “Attention, a-t-il prévenu. Elle est trop calme depuis plusieurs mois, elle va mettre un gros coup bientôt.” C’est vrai que depuis la rentrée, Marine Le Pen a tendance à se faire oublier. Pas de vote de la censure contre le gouvernement Bayrou pendant l’épisode budget, Richard Ferrand validé au Conseil constitutionnel grâce à l’abstention du RN, pas de réaction particulière sur l’affaire Bétharram qui a secoué François Bayrou… Voilà qui commence à faire beaucoup pour celle qui se revendique première opposante d’Emmanuel Macron. Question de timing, aussi.

Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement dans l’affaire des assistants parlementaires du parti. Marine Le Pen risque une peine d’inéligibilité, assortie d’une exécution provisoire qui l’empêcherait de se porter candidate à la prochaine présidentielle. Et semblait jusqu’alors vouloir se faire discrète. Changement de pied, ces derniers jours. A la discrétion succède la diversion. A quelques jours de la décision, la députée du Pas-de-Calais brandit de nouveau la menace de la censure face au gouvernement. “Il y a un agacement, je ne vous le cache pas, assure-t-elle, mardi 25 mars, depuis le Palais Bourbon au micro de LCP. Un agacement parce qu’il y a une programmation pluriannuelle de l’énergie qui doit être signée par décret, ce qui est une véritable honte (…), parce que je ne vois rien venir sur la proportionnelle, (…) et je trouve que le temps est long. Et puis je considère qu’en matière d’immigration le moins qu’on puisse dire c’est qu’on est dans l’inertie totale et les derniers développements vis-à-vis de l’Algérie me font dire qu’une fois de plus il ne se passera strictement rien dans ce domaine.”

Des gages d’opposition plutôt que la sincérité

Un agacement qui, laisse-t-elle sous-entendre, pourrait pousser son groupe à voter la censure à la première occasion. Quitte à faire feu de tout bois. De la question de l’énergie à la proportionnelle, en passant par l’immigration, Marine Le Pen ratisse large pour justifier sa menace de censure. En oubliant, d’ailleurs, qu’elle aura besoin de la gauche. Dans son propre camp, on tempère cette nouvelle offensive. “Pour que la menace soit efficace, il faudrait que le PS bouge…”, commente un député. Et l’hypothèse reste improbable, d’autant que le gouvernement s’emploie à éviter tous les textes qui pourraient fédérer contre lui une alliance de la gauche et de l’extrême droite.

En réalité, Marine Le Pen donne davantage des gages d’opposition qu’elle ne brandit des motifs sincère de censure. “Il n’y a pas d’objet politique qui permettrait de justifier la censure, confesse un proche. Le gouvernement n’offre pas d’angle d’attaque, on a du mal à trouver une prise. La stratégie de Bayrou de ne rien faire fonctionne plutôt pour le moment.” Face au risque judiciaire qu’elle encourt, la patronne des députés frontistes préfère aussi élever la voix pour détourner les regards de son hypothétique neutralisation politique.

Articuler ses calendriers judiciaire et politique

La ligne de crête est ténue. Alors que chacun de ses gestes est scruté à l’aune de son calendrier judiciaire, Marine Le Pen tente de se défaire de tout procès d’instrumentalisation. “Elle est à un carrefour, commente un interlocuteur. Elle sait qu’elle n’a pas intérêt à offrir le visage de la surenchère dans ce genre de moment, mais elle sait aussi qu’une position modérée aura un coût transactionnel auprès de son électorat. Elle sent qu’elle ne doit pas trop déséquilibrer la balance, et agit en conséquence.” En politique comme en justice, il est souvent question d’arbitrage.




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