* . * . * .

Le remake de “Blanche-Neige”, trop woke ou juste trop mauvais ? La triple erreur fatale de Disney


Si vous cherchez une file d’attente devant Blanche-Neige, vous aurez sans doute plus de chance de la trouver devant l’attraction du même nom à Disneyland Paris que devant les portes d’un cinéma. Comme de nombreux observateurs l’avaient anticipé, le dernier remake en prises de vues réelles de Disney a signé un démarrage très timide aux États-Unis.

Sorti le 21 mars, sans réelle concurrence en face de lui, le film n’a engrangé que 42,2 millions de dollars lors de son premier week-end d’exploitation, bien en dessous des prévisions les plus pessimistes (qui tablaient sur 45 millions), pour un budget considérable estimé à 270 millions, sans compter les quelque 100 millions de dépenses marketing. Ce lancement poussif classe le film à la dixième place sur les quatorze remakes live action de Disney sortis au cinéma depuis 2010, derrière Dumbo (2019), mais légèrement au-dessus de Mufasa : Le Roi Lion, sorti en décembre dernier – un cas à part, puisqu’il a terminé sa course avec plus de 719 millions de dollars de recettes mondiales. Pas sûr que Blanche-Neige suive le même chemin. Selon les prévisions, le long-métrage devrait connaître une chute de 53 % ou plus de ses recettes au box-office américain par rapport à son week-end d’ouverture. À l’international aussi, les performances sont décevantes.

Le film, qualifié de “trop woke” par certains commentateurs conservateurs américains, cumulait déjà les controverses bien avant sa sortie. A commencer par Rachel Zegler, l’actrice principale d’origine colombienne, jugée par certains pas assez “pâle” pour incarner une héroïne décrite dans le conte original comme ayant “la peau blanche comme la neige”. Dans cette version, son nom ne vient plus de son teint, mais… d’une tempête de neige qu’elle aurait bravée bébé. Autre sujet sensible : les Sept Nains. L’acteur Peter Dinklage (Game of Thrones), atteint de nanisme, avait dénoncé l’idée même de représenter des nains vivant ensemble dans une grotte. Trop dégradant selon lui. Exit donc les comédiens humains de petite taille. Le nanisme en 2025 sera incarné par des images de synthèse. Les Sept Nains deviennent les sept “créatures magiques”. Même la Méchante Reine n’a pas échappé à la polémique : Gal Gadot, qui l’interprète, a suscité la colère de militants pro-palestiniens en raison de ses prises de position publiques sur le conflit au Proche-Orient. À ce niveau, la sortie chaotique d’Emilia Pérez passerait presque pour une promenade de santé.

Blanche-Neige victime de son supposé wokisme ? “Go woke, go broke” (“Devenez woke, faites faillite”), ont coutume de dire les milieux conservateurs américains. Pourtant l’explication de ce naufrage annoncé est peut-être ailleurs. A commencer par l’overdose de remake Disney. Depuis 2010, le studio en a produit dix-neuf (dont certains directement pour Disney+), et cinq autres sont en préparation. Pour un bilan mitigé : seuls sept ont connu un vrai succès commercial. Le trio gagnant ? Le Roi Lion (2019), La Belle et la Bête (2017) et Aladdin (2019), inspirés des plus grands succès Disney des années 1990 (hors Pixar), l’âge d’or du studio. A l’opposé, les échecs critiques et déceptions commerciales se multiplient : Dumbo, Cruella, Mulan, Maléfique 2, Jean-Christophe et Winnie etc. Comme chez Marvel, la recette Disney semble avoir trop tiré sur la corde… Même Mufasa, avec ses 719,4 millions de dollars de recettes, fait deux fois moins bien que son prédécesseur.

Un échec artistique plus qu’idéologique ?

Autre erreur stratégique : avoir misé sur un remake un peu trop sage d’un film sorti il y a… 88 ans. “Blanche-Neige n’a pas très bien vieilli. L’histoire elle-même est un peu dépassée et n’a certainement pas le facteur héroïque d’un Moana ou La Reine des Neiges. Ce sont ces types d’histoires Disney qui attirent le public actuel. La date de péremption de Blanche-Neige est passée depuis des décennies, malheureusement”, estime Jeff Bock, analyste de la société spécialisée dans le box-office Exhibitor Relations, interrogé par Newsweek. Les deux précédentes adaptations (non produites par Disney) sur grand écran en sont un exemple frappant : Blanche-Neige et le Chasseur (2012), avec Charlize Theron et Kristen Stewart, réinvente l’univers de la princesse, s’offre une bande originale signée Florence and the Machine, et… cartonne au box-office. La même année, Mirror Mirror, version plus classique avec Julia Roberts et Lily Collins, passe inaperçue. Qui se souvient, d’ailleurs, que Julia Roberts a incarné la marâtre ?

Cette version revisitée pêche également par son manque d’audace, illustrant la difficulté de Disney de renouveler ses classiques sans tomber dans le simple recyclage. Miser uniquement sur la notoriété du tout premier long-métrage d’animation sorti en 1937 ne suffit pas. C’est ce que souligne Shirley Li, journaliste à The Atlantic spécialisée dans l’industrie du divertissement. : “Imaginez s’ils parvenaient à recréer de la magie, plutôt que de la nostalgie ? Que la Reine maléfique soit vraiment matérialiste, pas juste une diva en mode semi-chanté. Que la forêt soit véritablement enchantée, pas seulement un décor pour animaux mignons. Et pourquoi pas rendre à Blanche-Neige un peu de l’ombre inquiétante des frères Grimm ?”, s’interroge-t-elle.

“Pourquoi Simplet a-t-il des faux airs de Gollum ?”

Et que dire de l’accueil du public ? Le film récolte un score de 44 % sur Rotten Tomatoes, soit sous la barre des 60 % qui distingue les films “frais” des films “pourris”. Sur IMDb, il plafonne à 1,6/10. En France, les spectateurs d’AlloCiné lui attribuent une note de 2,1. “Beaucoup trop de chansons, à mon goût, qui n’ont aucun intérêt. C’est le plus mauvais live action jamais vu”, commente un internaute. Un autre s’exaspère : “Les nains sont ratés, pourquoi sont-ils hydrocéphales et pourquoi Simplet a-t-il des faux airs de Gollum ? Pourquoi le chasseur ne rapporte-t-il pas à sa reine un cœur d’animal en lieu et place de celui de Blanche-Neige ? Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de chansons parfois plus criées que chantées… Ça fait beaucoup non ? Ça fait trop en fait… Soirée ratée…”.

Ironie du sort : selon le Hollywood Reporter, le film a surperformé dans les États républicains et sous-performé dans les États démocrates. Alors, ce Blanche-Neige est-il trop woke ? Ou tout simplement… trop mauvais ?




Source

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Erreur : SQLSTATE[HY000] [2002] Connection refused