“Marine Le Pen tombe sous le coup de l’État de droit et une grande bataille s’annonce”, prévient le quotidien américain New York Times. Après la condamnation de la dirigeante d’extrême droite, lundi 31 mars, à une inéligibilité immédiate pour cinq ans dans l’affaire des assistants parlementaires européens, la presse du monde entier regarde stupéfaite cette “nouvelle crise” politique française.
The Guardian, média britannique de gauche, évoque, lui, un “tremblement de terre politique en France”, alors que Marine Le Pen s’apprêtait à se lancer dans sa quatrième campagne présidentielle. Même terme engagé chez nos confrères suisses du Temps qui inscrivent ce procès dans une actualité judiciaire déjà chargée la semaine dernière, avec les procès de Gérard Depardieu et de Nicolas Sarkozy.
“Marine Le Pen a fait capoter sa candidature tant convoitée à la présidentielle de 2027 après avoir été reconnue coupable d’avoir escroqué les contribuables de plus de 4 millions d’euros”, résume The Irish Times. Commentant son interview au journal de 20H de TF1, le Corriere della Sera italien décrit Marine Le Pen comme “furieuse, enragée contre une décision judiciaire qu’elle vit comme un énième coup du sort”.
La décision “bouleverse le jeu politique français”
Au-delà du Rassemblement national, la condamnation “bouleverse le jeu politique français”, pour le journal belge Le Soir. Dans un éditorial de Joëlle Meskens, il est rappelé fermement que “l’inéligibilité de Marine Le Pen n’est pas une violation de la démocratie”. Aux États-Unis, la décision a suscité des comparaisons avec Donald Trump, lui aussi aux prises avec la justice alors qu’il tentait d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État. “Contrairement au président Trump, qui a essuyé des condamnations, des inculpations et des poursuites pénales lors de son élection l’année dernière, profitant peut-être même d’une persécution perçue, Marine Le Pen n’a trouvé aucune voie politique au-delà du verdict de la justice française”, tance le New York Times.
Pour l’instant, le RN est plongé “dans la confusion”, selon The Economist. “Les figures du parti n’étaient pas préparées à la sévérité de la peine et n’avaient pas de plan B. Jordan Bardella, farouchement ambitieux, est un fin stratège et une star de TikTok. Mais il se préparait à devenir Premier ministre, et non président”, reprend la revue britannique spécialisée. Sitôt connu le jugement du tribunal correctionnel de Paris, l’hypothèse d’une candidature de substitution de Jordan Bardella n’en est pas moins revenue avec force. De son côté, le quotidien espagnol El Pais voit ainsi l’eurodéputé de 29 ans “se frayer un chemin dans le chaos de l’extrême droite française”.
The Economist estime par ailleurs que la condamnation de Marine Le Pen pour utilisation abusive des fonds européens pourrait renforcer l’extrême droite. “Pour les électeurs de base de Marine Le Pen, longtemps attirés par son message anti-système, cette décision pourrait nourrir le sentiment que le système est contre son parti. À l’heure où les politiciens populistes, tant en Europe qu’aux États-Unis, s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme une censure antidémocratique, cela pourrait s’avérer une force puissante”, reprend l’hebdomadaire. Même crainte dans le New York Times : “On ignore dans quelle mesure la Ve République, en proie à des troubles, pourra résister à l’inévitable vague de protestations politiques avant les élections de 2027.”
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